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    BIFFF 2014 : Korea, one point !

     Cold Eyes de Jo Ui-seok et Kim Byung-seo

    cold eyes

    Yoon Joo a brillamment réussi LE test. Elle est admise dans la troupe d’élite spécialisée dans la filature de malfaiteurs. Pas le temps de se reposer sur ses lauriers, Yoon Loo commence sa première journée sur les chapeaux de roues : un braquage d’une violence inouïe a lieu dans l’une des plus grandes banques de Séoul. L’équipe criminelle est très organisée et aucune image des caméras de surveillance n’est exploitable. Commence alors une traque époustouflante dans les rues de la capitale coréenne.

    Remake du très bon Eye in the Sky (Nai-Hoi Yau – Hong-Kong), Cold Eyes est une œuvre qui se laisse voir avec beaucoup de facilité. Le spectateur s’immerge dans un film avant même d’avoir pu dire « BIFFF » et dans ses oreilles résonnent déjà les pas rapides sur l’asphalte humide des rues de Séoul. Calé dans son fauteuil inconfortable (merci Ciné 1), il plonge dans cette enquête envoutante à la recherche de l’ombre, le cerveau de ce tour de passe-passe machiavélique.

    Sa respiration s’accélère tandis qu’à l’écran un visage trop dissimulé apparaît…

    Mais voilà, même si son souffle est retenu et son pouls emballé, le spectateur commence tout doucement à s’ennuyer, l’œuvre est très longue et l’intrigue semble stagner. Les minutes s’écoulent. Le spectateur regarde sa montre. « Est-ce le moment d’une pause pipi ? » pense-t-il. Il sort. Revient. S’assied. Attend.

    Et soudain, le film repart de plus belle ! Scènes d’action. Scènes de filature. Scène de suspens. De violence. Et par moment, (et c’est bien dommage) quelques scènes clichés un peu kitschs.

    Et puis, subitement, générique.

    Le spectateur sort. Il ne s’est pas ennuyé. Certes, le film lui a semblé un peu long par moment mais, au final, il a quand même passé un excellent moment. Ses yeux ont apprécié la réalisation finie, léchée de Jo Ui-seok et de Kim Byung-seo, son cerveau a savouré l’intrigue qui, même si elle fut très classique, lui a malgré tout amené quelques jolies surprises.

    Le spectateur, heureux, s’en va chercher sa troll et doucement, s’apprête à enchainer pour la séance de 20h30…

    I’ll Follow you down de Richie Mehta

    I'll follow you down

    Le film de la journée était projeté salle 1 qui pour l’occasion, n’était que faiblement remplie. Une fatigue des habitués ? Pas vraiment, puisqu’ils seront en nombre pour la projection du dernier Troma à minuit et demi.

    I’ll follow you down, c’est l’histoire d’un scientifique qui disparait mystérieusement laissant sa femme et son fils dans le désarroi. Quinze années passent et ce dernier est toujours introuvable. Mais son grand-père et son fils sont en phase de trouver une solution à ce problème.

    Richie Mehta est un réalisateur canadien d’origine indienne ayant dirigé auparavant deux films canadiens en hindi (क्या बकवास है ? )*, Amal et Siddharth. Deux drames dont on ne soupçonne quasiment pas l’existence en Europe. I’ll follow you down n’est cependant pas du tout du même style. Récit scientifico-fictionnel se déroulant essentiellement à l’Université de Toronto où Richie Mehta fût diplômé et où il fût le rédacteur en chef du journal The Medium, revue universitaire. Un retour aux sources en quelque sorte.

    Pour ce nouveau film, pas d’acteurs indiens, pas de danse bollywoodienne sur un train en marche et pas de saris colorés, place à une histoire très sobre, peut-être trop. Et pour cause, quelle lenteur narrative. En voulant accentuer à chaque instant le côté dramatique et psychologique du scénario, Richie Mehta a oublié de divertir le spectateur qui, après une heure d’inaction, commençait à espérer une relation sexuelle entre Victor Gaber et Sherry Miller, et ça, c’est dégueulasse !

    Les acteurs, parlons-en justement. Richie a été rechercher l’excellent Haley Joel Osment qui, malgré le fait qu’il ait abondamment grossi, n’a pas perdu son talent d’acteur à défaut d’avoir perdu son sixième sens, qui nous aurait bien servi à raccourcir le film. En face de lui, la belle Gillian Anderson est toujours agréable à voir évoluer à l’écran, surtout que notre perversité maladive sera assouvie par une scène sexy.

    Bref, I’ll follow you down ne révolutionnera pas le genre mais a le mérite d’exister et d’oser. Oser prendre le temps d’installer son histoire et oser présenter un drame psychologique sur fond de science-fiction.

    Verdict dans les salles.

    *(What the Fuck ?)

    VIRAL, de Lucas Figueroa

    viral

    A Madrid, Raul a gagné le concours du super geek organisé par la FNAC et s’apprête à passer 7 jours enfermé dans le grand magasin, avec Internet pour unique point de contact avec le monde extérieur. L’objectif : atteindre 100 000 fans sur le réseau social de la FNAC et empocher 15 000 €.

    Viral n’est pas un documentaire sur les innovations marketing de la chaîne, mais bel et bien une histoire de fantômes : la nuit, dans l’obscurité, il commence à se passer de drôles de choses entre les rayonnages de BD et les étagères de DVD… Est-ce que Raul ne serait pas par hasard enfermé en compagnie d’un petit spectre (petit, mais très fort : voyez comme il saccage tout un étage, le sacripant) ?

    On aime bien l’unité du cadre : tout se passe à l’intérieur de la FNAC, et le lieu est propice à l’irruption du surnaturel et de la frousse. On aime bien les portes qui claquent, les lumières qui s’allument soudainement, les bouquins qui bougent tout seuls. On aime bien l’oscillation entre les scènes d’angoisse durant les déambulations nocturnes de Raul, et les moments plus détendus pendant la journée où il alterne le tournage de vidéos pour alimenter son profil de Freekie (c’est comme ça qu’on l’appelle) et la recherche d’indices sur la piste du fantôme, au milieu du petit monde des vendeurs et des agents de sécurité. On aime aussi la maladresse du héros, aux tendances claustrophobes et pas très à l’aise dans son rôle de super geek en promo pour la FNAC. Il y a quelques bonnes trouvailles, comme l’appli « détection de fantômes » (disponible bientôt sur Androïd) qui vous indique la distance à laquelle les esprits se baladent autour de vous.

    Mais le film n’exploite pas suffisamment la situation amusante – et potentiellement inquiétante – qui est à la base du scénario : le garçon enfermé et coupé du monde, avec Internet pour seule connexion (Raul est en fait très entouré pendant tout le film, mais il s’agit peut-être d’une virulente charge contre le marketing mensonger de la FNAC). Viral joue un peu sur l’ambiguïté entre la présence réelle du spectre et l’idée du coup marketing monté pour créer du buzz, mais ne développe pas cette idée qui pourrait être féconde. Et quand le revenant devient trop clairement réel, quand on l’aperçoit traverser les murs et surtout qu’on nous explique les origines de l’histoire, on tombe dans les clichés et tout l’intérêt du film, qui reposait sur l’équivoque, s’effondre. C’est comme si le fantôme, qu’on aimait bien quand il était discret et jouait à nous faire peur en faisant tomber des disques, arrivait soudain avec ses gros sabots, ses gros symboles et son gros mystère et nous balançait tout ça sans nous demander notre avis : mais enfin ce n’est pas ce qu’on lui demandait ! Bref, le fantôme, on a envie de le bouder.

    Le dénouement, assez incohérent et vraiment bâclé, confirme l’impression que le scénariste est parti se la couler douce aux Baléares avant la fin et qu’il a fallu vite fait trouver de quoi boucler le truc avant que la FNAC expulse l’équipe du film. La dernière phrase en particulier remporte la palme de la dernière phrase la plus absurde de l’histoire des dernières phrases. Oserez-vous aller jusque-là ?

    Emilie Guillen-Garcia, Roxane de Quirini et Matthieu Matthys

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine

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