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    BIFFF 2014 : Le 14 avril, journée internationale du navet ?

    Il en fallait bien une sur le festival, elle m’est tombée dessus sans que je m’y attende : la journée pourrie du BIFFF. En regardant tous les tickets de la salle 2 dans ma main, je sentis comme un frémissement qui me glaçait déjà le dos. Pas d’effroi mais bien de panique sur qualité de ce que je pouvais bien aller voir. Ce qui devait arriver, arriva. J’ai passé une séance de torture digne d’un Saw. Heureusement, et comme souvent au BIFFF, le public va quelque peu nous sauver de notre dépression et développer notre schizophrénie.

    the outing

    The Outing démarre en Germanie, dans une grande forêt à forte odeur de pisse de chien. Un couple, la sœur de madame et la fille décide de se couper un peu de la civilisation pour un pique-nique sans verre et sans tire-bouchon. Le parallèle entre une histoire de loup-garou et le côté malsain du viol ou de l’inceste était louable, la qualité du film l’est beaucoup moins. Les écrans noirs de 30 secondes, cela peut passer une fois mais à la quatrième, on en pleure. Malgré des acteurs plus ou moins corrects, on sent l’amateurisme pointer du doigt. Et on est pas au bout de nos surprises …

    lord of tears

    Car c’était sans compter sans le film le plus catastrophique de ces premiers jours : Lord of Tears ! Même The Incredible truth paraissait professionnel (voir critique précédente). Imaginez-vous une histoire de hibou qui hante un sympathique prof de littérature qui revient dans sa maison natale. Déjà le coup du hibou, vous ne le sentez pas, il est un peu ridicule. Ajoutez que le film a coûté 16 000 livres (+-19 000€) en crowfunding et que les acteurs sont les amis et la famille du réalisateur, vous aurez une idée de l’étendue du désastre. Une image tirée d’un Aphrodisia d’AB3, des acteurs qui n’ont a priori jamais vu un texte de leur vie, une réalisation agaçante et au final, un bon petit dodo du mec qui écrit ça. Etonnamment, la tête de hibou est encore la plus réussie. Mais on est pas encore prêt de remonter la pente, niveau moral !

    willow creek

    Une foule immense attend devant la salle, les gens se sont déplacés en masse pour Willow Creek ou le found footage sur le BigFoot. Le concept avait tout pour nous plaire, réalisé par le gnome (Bobcat Goldthwait) de Police Academy et le réalisateur dingue de God Bless America (un road movie jouissif sur l’aventure sanguinaire d’un mec moche et d’une jeune pucelle). Autant on avait adoré cet ovni irrévérencieux, autant on est plus perplexe sur celui-ci. Il a beau clamer haut et fort que son film évite les pièges du found footage, à trop les éviter, il oublie de montrer quelque chose à l’écran. Un plan de 20 minutes où l’on voit les deux héros dans une tente et où il ne se passe rien (le plus long plan chiant et inutile de ces dernières années ?) résume très bien un film où l’on aura rien d’autre que du vent. C’est interminable et la scène de fin, pourtant bien mouvementée, ne sauvera pas un film qui aurait mieux fait de rester tranquillement en projet. Vous croyez que c’est tout ? Non, la programmation enfonce encore le clou avec le suivant …

    intruders

    Pour finir la soirée des gens normaux (on verra après la séances des anormaux), on a droit à un thriller coréen. Faut dire, que même si je n’aime pas ça, les coréens sont assez bien réputés pour leur cinéma de genre ! Le concept de survival que vend Intruders est assez tentant. Le mec, scénariste qui doit bosser loin des sirènes des soirées de Séoul, va s’isoler dans les montagnes. À peine arrivé, il se fait un copain légèrement collant et se sent obligé d’accueillir un groupe de jeunes dans la dépendance à côté de chez lui. Mais voilà, tout le monde se met à crever et lui court pour s’en sortir. Malheureusement, à part courir, il ne fait pas grand-chose ! Au final, un slasher/survival du pauvre où on parle plus que l’on agit. Même le final ne démarre jamais vraiment et nous laisse sur notre faim. Le spectateur ne pourra jamais entrer totalement dans ce long métrage low cost. Mais finalement le moins pire de la journée. Mais attention, une échappée dans le peloton va se créer en plein milieu de la nuit …

    return to nuke'em high 2

    Les habitués du BIFFF et fans de genre connaissent bien Mr. Lloyd Kaufman, l’un des rares invités à pouvoir prétendre à de belles standings ovations ! Car avec Return to Nuke’em High, c’est aussi le retour des célèbres studios du n’importe quoi : Troma et ces 40 années d’existence et d’indépendance. Vendre un Troma est assez délicat car cela ne ressemble à rien du tout mais c’est pourtant une expérience à vivre. Certains se souviennent peut-être du fleuron de la boîte : Toxic Avenger ou Father’s Day, présenté au BIFFF il y a deux ans. Pour cette suite d’un succès des années 80, on retrouvera : des images recyclées, des corps qui fondent, des mutations nucléaires, un teen movie destroy, des monstres, du sang, des corps, des squelettes, du sexe, des nichons, etc. L’ambiance d’hier était au summum et Kaufman était une fois de plus très très en forme. Troma, c’est d’abord une expérience à vivre ensemble et puis il n’y a pas à dire, c’est du beau nanar mais ça a sauvé notre soirée !

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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