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    Ben, maître de l’amphigouri

    Découvert il y a maintenant plus de 15 ans sur les scènes ouvertes du FIEALD (Festival International d’Expression Artistique Libre et Désordonnée), l’humoriste Ben a su trouver un équilibre pour une forme d’expression peu usitée dans l’humour : l’absurde. De fait, on ne compte plus les articles de journaux définissant l’homme comme le « roi de l’absurde ». Un terme non péjoratif qui résume toute la complexité narrative des sketchs de ce personnage pince-sans-rire. Toutefois, après avoir vu son dernier spectacle intitulé « Ben, éco-responsable », on peut aisément dire que le propos relève davantage du pragmatisme que de l’irrationalisme.

    Pourtant, tout commence par un exercice de style dans lequel Ben dévoile, d’un air blasé, les conséquences de son spectacle sur l’hilarité de la salle. Une mise en garde drolatique qu’il reprend une seconde fois, mais en changeant les mots de place pour mieux montrer au spectateur qu’il se trouve dans un spectacle peu cohérent.

    Mais passé cette signature artistique, Cédric Ben Abdallah de son vrai nom nous parle alors d’écologie et d’économie avec un texte tout ce qu’il y a de plus logique, sans pour autant oublier d’y insérer des trouvailles humoristiques dont lui seul a le secret. Assurément, Ben passe de comique à militant de manière ingénieuse. En décortiquant un à un les mythes de la société de consommation et en s’affranchissant des acquis de la génération des Trente Glorieuses, le natif de Nanterre frappe fort et marque les consciences. Devant un public hilare, Ben multiplie alors les sketchs où se côtoient des pêcheurs de tilapias, des agriculteurs, des masseuses asiatiques et des ouvriers chargés de remplacer les piles des feux de circulation… car oui, Ben n’en reste pas moins un adepte de l’amphigouri intellectuel.

    En résumé, « Ben, éco-responsable » est un spectacle à voir de toute urgence. Une dénonciation des dérives de la société actuelle qui se fait par l’humour et la légèreté, sans haine ni malveillance. Finalement, qui d’autre que Ben pour parler d’un monde où l’absurde est devenu la normalité ?

    « Ben, éco-responsable », jusqu’au 31 décembre au Théâtre Lucernaire à Paris, puis en tournée dans toute la France.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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