Belfast
de Kenneth Branagh
Drame
Avec Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Jude Hill
Sorti le 2 mars 2022
Tandis que la pandémie de covid-19 bouleverse parfois encore le catalogue des sorties cinéma, voilà que Kenneth Branagh sort d’un seul coup deux films, avec son adaptation du roman Mort sur le Nil début février et la fable personnelle que constitue Belfast qui nous intéresse aujourd’hui.
Belfast présente la vie d’une famille nord-irlandaise à la charnière des années 70, au travers du prisme de Buddy, un jeune garçon de neuf ans.
Par ce récit semi-autobiographique, Kenneth Branagh se racontera lui-même, donnant à voir son pays natal au cours des émeutes du mois d’août 1969. Déchirure sociétale rapidement mise en parallèle avec l’équilibre familial dans lequel évoluera Buddy. Car derrière ces troubles sociaux, notre héros parviendra à se construire, entouré d’une famille soudée et aimante.
Ce contexte historique servira ainsi de toile de fond au développement de Buddy, et Belfast alternera alors entre innocence enfantine et dureté des jours à venir. Dans ce cadre, le théâtre et le cinéma auxquels Buddy ira souvent amèneront – littéralement – de la couleur dans un monde gris. Devant Le train sifflera trois fois, Chitty Chitty Bang Bang et une adaptation théâtrale de A Christmas Carol, Buddy oubliera la réalité de son monde. En cela, on verra comment Kenneth Branagh cherchera à se raconter lui-même, fuyant autrefois la réalité par le biais du Septième Art, jusqu’à ce que le Septième Art devienne sa réalité !
Tous ces éléments feront parfois de Belfast un film quelque peu décousu, car le réalisateur aura cherché à intégrer beaucoup de choses à son métrage : une réalité historique, un amour d’enfance, des bêtises, une relation familiale, une passion naissante pour le cinéma, etc.
Néanmoins, si ces éléments pourront parfois entraver la linéarité du film, ils n’entameront en rien le plaisir du spectateur. Car Belfast est un film d’une tendresse et d’une sincérité remarquables, une ode à l’enfance, à l’innocence, à l’amour de ses parents et grands-parents. On appréciera alors le déroulement de l’histoire et la légèreté qui ressortira de l’ensemble, malgré un contexte historique peu engageant.
À cela s’ajoute une bande son entièrement constituée de morceaux de Van Morrison – également originaire de Belfast – qui accentuera cette plongée dans un univers à part entière, donnant une teinte presque nostalgique au long-métrage.
Ainsi, malgré quelques rares maladresses, Belfast constitue pour Kenneth Branagh une plongée mélancolique dans le passé et dans laquelle le spectateur se laissera volontiers entraîner.