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    Bedlam : odyssée schizophrène

    Spencer:Rossmo

    scénario : Nick Spencer
    dessin : Riley Rossmo
    éditions : Les humanoïdes associés
    sortie : 26 août 2015
    genre : policier, thriller

    Fillmore Press a longtemps terrorisé la ville de Bedlam, en revêtant le masque de Madder red. Mais cela, c’était avant. Avant d’être capturé, puis de passer entre les mains d’un étrange docteur. Depuis, l’ancien tueur psychotique s’est semble-t-il délaissé de toute envie de violence. Conservant néanmoins sa manière de penser, il décide d’aider la police dans sa recherche d’un serial killer particulièrement violent.

    Derrière ce postulat intriguant se cache une œuvre profondément sombre. Car si Bedlam aborde le genre super-héroïque, il le fait de manière crue et adulte. On pourrait le rapprocher du Nemesis de Mark Millar, ou des The boys de Garth Ennis, l’ironie en moins.

    Dès les premières pages, le ton est donné. L’album s’ouvre en effet sur le massacre de nombreux enfants, perpétré par le héros en personne. Et ce n’est là que le début d’une histoire faisant la part belle aux débordements sanglants.

    Néanmoins, cette brutalité est loin d’être gratuite. D’une part, elle alimente l’ambiance déliquescente qui émane de chaque page. Cet aspect est renforcé par le trait brut du dessinateur Riley Rossmo. Ses cadrages, très cinématographiques, alliés à l’utilisation de nombreux gris colorés, donnent à Bedlam des aspects de cauchemar éveillé.

    Mais surtout, la violence pose les bases de la personnalité torturée du personnage principal. Nick Spencer, le scénariste, va s’en servir pour développer un questionnement autour des notions de rédemption et de pardon. Imaginez le Joker dans sa période la plus violente et sombre (soit dans Batman : Dark knight, ou dans The Killing Joke) qui tenterait de se réintégrer en aidant la police. On serait en droit de douter du bien fondé de ses motivations. Le même phénomène se produit ici. L’ambivalence latente de Fillmore Press imprègne le récit et est renforcée par l’usage de flash-back rappelant son passé criminel. Ceci pousse le lecteur à s’interroger constamment sur sa vraie nature. L’ancien Madder red pourra-t-il réellement se racheter, après avoir commis des actes irréversibles ?

    Ce sous-texte passionnant sous-tend une intrigue policière somme toute classique, mais rondement menée et dynamitée par la personnalité hors normes de son personnage principal. Reste à voir si le second – et dernier – volume de la série, dont la sortie est prévue courant octobre, tiendra toutes les promesses et apportera les réponses soulevées par cet album prometteur.

     

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