scénario : Pierre Boisserie, Philippe Guillaume
dessin : Julien Maffre
éditions : Dargaud
sortie : 25 avril 2014
Le milieu de la finance, un monde qui fascine le tout un chacun depuis des lustres. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui le comprennent et rares sont ceux qui en tirent les ficelles. C’est pour nous narrer l’histoire de la finance occidentale que Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Julien Maffre ont pris la plume. Le but n’étant évidemment pas de nous donner un cours d’histoire économique magistral mais bien de nous plonger dans les méandres de cette toile lugubre.
La Banque, titre de cette nouvelle saga de bandes dessinées, nous renvoie en 1815. Alors que Napoléon connait la débâcle face aux troupes coalisées, un certain Nathan Mayer Rothschild entrevoit une fin proche à la guerre. Mais en coulisse, Charlotte de Saint-Hubert, une jeune fille de bonne famille française devenue prostituée de luxe par manque d’argent, nourrit le rêve de retrouver ses titres de noblesse. Un espoir qui pourrait renaître grâce à Jacob Rothschild qui en est tombé éperdument amoureux.
Vous l’avez compris, cette bande dessinée s’adresse exclusivement aux adultes. Au menu, des stratégies commerciales, du partage de pouvoir et du sexe dans tout ce qu’il peut receler de misérable. De fait, en axant leur récit autour d’une jeune aristocrate dépravée, les auteurs nous plongent dans un univers lugubre. Malgré cela, rien n’est lourd et, surtout, rien n’est triste. Et pour cause, cette histoire parallèle ne sert qu’à enrichir celle de la quête d’argent.
Pour nous présenter l’histoire des Rothschild et de leurs délits d’initiés, les scénaristes ont travaillé de bien belle manière. Agrémentant le récit de faits historiques comme toute l’histoire de la spéculation de Nathan Mayer Rothschild et de son financement assidu de l’armée anglaise, l’écriture suit un schéma narratif intelligent et intelligible. Ce travail de recherche permet au lecteur de se plonger pleinement dans l’esprit et la société d’autrefois mais également d’apprendre de nombreuses anecdotes sur un milieu où seuls les requins nagent.
Un soupçon moralisateur et parfois trop expéditif, La Banque 1815-1848 est une bande dessinée très réussie aux dessins impeccablement travaillés. La fin ouverte nous a donné l’envie d’en apprendre davantage, ce qui nous fait dire que le pari est plus que gagné. Reste à savoir si la suite sera du même acabit.