Back To Black
de Sam Taylor-Johnson
Biopic, Drame, Musical, Romance
Avec Marisa Abela, Jack O’Connell, Eddie Marsan
Sortie en salles le 24 avril 2024
Après le triomphe du documentaire d’Asif Kapadia en 2015, les attentes sont grandes pour Back To Black. Plus de dix ans après le départ prématuré de la chanteuse Amy Winehouse, Sam Taylor-Johnson, déjà acclamée pour son travail sur le biopic de John Lennon, Nowhere Boy, se lance dans cette entreprise audacieuse de lui rendre hommage.
C’est l’actrice Marisa Abela qui endosse la perruque et le trait d’eye-liner pour donner vie à l’âme tourmentée d’Amy Winehouse. Le récit s’étend des débuts modestes d’Amy, chantant dans des bars de jazz londoniens, jusqu’à son ascension fulgurante en tant qu’interprète lauréate de cinq Grammy Awards. Au cœur de ce biopic se trouve une tentative vertigineuse de restaurer l’image ternie de la chanteuse, tristement malmenée par les médias. Offrant une représentation fidèle qui oscille entre les moments de gloire et les profondes blessures intérieures, le film dépeint ainsi, avec nuance, la vie d’une figure emblématique de la musique soul et jazz.
Back To Black puise toute sa véracité dans la chronologie relationnelle, révélant l’influence cruciale des personnes qui ont façonné le destin de la chanteuse. L’empreinte indélébile de sa grand-mère paternelle, chanteuse de cabaret, se manifeste dans le physique pin-up d’Amy. Les infidélités de son père, aboutissant au divorce parental, nourrissent sa crainte de l’abandon. La relation dysfonctionnelle avec son mari, Blake Fielder-Civil, émerge comme le point nodal de sa chute, une liaison délétère, où les excès deviennent le symbole même de leur amour chaotique. Amy se profile alors comme l’exemple tragique d’une âme en quête désespérée d’amour, prête à s’enfoncer dans les abysses pour retenir celui qu’elle aime. Au-delà de son statut d’icône controversée de la pop, elle se révèle comme une femme fragile, tourmentée par ses démons et sa lutte contre la boulimie.
Cette toile de fond relationnelle tisse la trajectoire musicale d’Amy Winehouse. Au départ refuge, la musique devient bientôt le théâtre de ses tourments, alors qu’elle est tenue contractuellement de se produire. Ses tubes sont le catalyseur de sa chute, ressassant inlassablement son passé douloureux et les décisions qui l’ont menée au bord du précipice. Cette dynamique met en lumière l’aliénation progressive d’Amy vis-à-vis de son public, toujours plus intransigeant.
Chaque note du film évoque la tension entre la façade de la célébrité et la fragilité de l’artiste, entre la renommée mondiale et la solitude profonde. Une artiste prisonnière de son propre talent, condamnée à répéter les mêmes erreurs encore et encore. Back To Black transcende les scandales pour offrir un regard sur l’impact culturel d’Amy Winehouse. Le film célèbre sa vie à travers sa musique, soulignant son héritage durable dans le paysage musical. On se souvient d’Amy comme une femme forte de caractère, déterminée, loin d’être une simple victime malheureuse. La conclusion en musique célèbre un mélange subtil de nostalgie, d’admiration et d’espoir, laissant dans son sillage le désir profond d’un destin différent pour Amy Winehouse.