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    [Avignon OFF 2023] Petit père au Théâtre Albatros

    De Thomas Marceul, mise en scène de Julie Villers, avec Thomas Marceul. Au Théâtre Albatros à 22h du 9 au 29 juillet

    Dans une société où la place de la femme est largement questionnée, où les minorités osent de plus en plus s’exprimer et réclamer le respect qui devrait être dû à chaque être, il est parfois difficile de s’adapter lorsque nous faisons partie de la majorité. Que dire, comment réagir face à une société qui bouleverse nos acquis ? C’est la question que semble poser Thomas Marceul dans Petit père. C’est en effet une question nécessaire et un thème intéressant qu’il aborde.

    Le décor est presqu’inexistant hormis deux chaises qui auront peu d’importance dans la mise en scène. La scène est correctement occupée et les déplacements fluides, la manière dont est amenée l’interaction avec les autres personnages non joués est cohérente et efficace.

    En revanche, l’histoire et le jeu de l’acteur sont déconcertants. Tout débute sur Thomas Marceul, seul en scène, qui dos à nous semble saluer un public et nous désigner comme son équipe de l’ombre. Ce commencement ingénieux fera du public un confident et permettra de flouter le quatrième mur sans pour autant le briser. Au fil de quelques blagues qui ne nous semblent pas toujours de bon goût et d’un accent belge très particulier, une question annoncée avec panache nous restera en tête longtemps après la pièce : quels avantages y a-t-il à être un homme aujourd’hui ? Cette question n’obtiendra aucune réponse tout au long de la pièce, tout comme la question initiale du personnage de la journaliste qui interroge sur la place de la femme dans le spectacle de l’histoire. S’il nous décrit avec justesse le manque d’avantage qu’il y a d’être une femme, son interrogation en suspens concernant les hommes nous laisse pantois. Dans une société où la place de l’homme évolue, il reste malgré tout évident qu’être un homme demeure un avantage sur plusieurs points, alors pourquoi ce choix de sous-entendre qu’il n’y en a pas ? Cette décision d’écriture est d’autant plus troublante que le personnage incarné par Thomas Marceul fera preuve d’une certaine évolution lorsqu’il apprendra que sa fille souhaite devenir un homme. Est-ce alors un choix volontaire que de laisser le spectateur dans le flou quant au message véhiculé par ce spectacle ? Ou bien Thomas Marceul pose-t-il véritablement la question, persuadé qu’il n’y a aucun avantage d’être un homme aujourd’hui ? Cette ambiguïté nous dérange dans un spectacle pourtant récréatif grâce à la bonne énergie de l’acteur et à une fin agréablement surprenante.

    Le message ambigu de Petit père nous déstabilise et nous laisse un arrière goût amer dans un spectacle pourtant divertissant. Thomas Marceul nous séduit par son jeu soutenu par la mise en scène sobre de Julie Villers, mais nous ressortons malgré tout de la salle avec un goût d’incertitude désagréable.

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