De David Foenkinos, adaptation de Camille Saféris, mise en scène de Jean-Paul Sermadiras, avec Karine Adrover et Jean-Paul Sermadiras. Au Théâtre de l’Étincelle à 11h40 du 7 au 29 juillet. (Relâches 10, 17 et 24 juillet)
Mon voisin Lennon nous présente une rencontre que le chanteur aurait pu faire avec une voisine thérapeute.
Jean-Paul Sermadiras interprète John Lennon en début de trentaine et Karine Adrover, joue Alice Braunstein, sa psy de vingt-six ans. Le problème, c’est que le comédien et la comédienne ont le double de l’âge de leur personnage. À l’arrivée de ce John Lennon aux cheveux blancs, notre cerveau essaye de faire un raccord avec la réalité, avec les faits. Si on le reconnait directement aux lunettes rondes, pourquoi semble-t-il si vieux ? Peut-être est-ce une discussion posthume ? Un dialogue au paradis ? La scène étant magnifiquement blanche, des sièges aux meubles, on pourrait y croire. Mais non, Lennon a bien trente ans et sa thérapeute quatre ans de moins. Eh bien, passons. Concentrons-nous sur le reste en essayant de ne pas être trop perturbés.
John Lennon arrive en chiquant la bouche grande ouverte, ce qui lui donne un air voyou et détaché. On est loin de l’image sereine et zen qu’on pouvait se faire du personnage à la fin de sa vie. Ça nous ramène à l’aspect vaurien des jeunes années Beatles.
Nous avons donc une séance de psychanalyse entre une fan effarouchée et un vieux Lennon. Le texte est très riche en anecdotes. Trop. Si on prend plaisir à fleurir notre culture, les répliques manquent de réalisme. À peine la psy pose sa question, que Lennon déballe toutes ses histoires comme si l’auteur voulait absolument montrer qu’il savait des choses que le public lambda ignorait. Ce n’est plus une thérapie mais un dialogue entre un artiste et sa biographe. On aurait tellement aimé qu’une relation se crée, qu’il y ait un jeu de confiance entre les personnages. Qu’ils se domptent tous les deux.
Il fallait s’y attendre, il y a quelques intermèdes musicales sur les chansons des Beatles. Mais le public ne s’attendait absolument pas à avoir un air de trompette de la part de la psy. Peut-être aurait-il fallu mieux s’entrainer. N’est pas trompettiste qui veut. On a l’impression que la fan de Lennon a appris la trompette dans la minute juste pour ressembler à son idole.
Le texte est sympathique avec de belles histoires dedans, dommage que l’aspect émotionnel ait été mis de côté. Jean-Paul Sermadiras nous raconte avec beaucoup d’agression dans son intonation ces faits qu’on aurait voulu ressentir plus qu’écouter.
Le final propose quelques symboles de dernières minutes, comme si le metteur en scène ne savait comment clôturer sa pièce. Les voir arriver plus tôt aurait donné une image temporelle de la vie.
Décidément, 2023 n’est pas l’année de John Lennon à Avignon. Voir aussi : Lennon et McCartney