De Miguel-Ange Sarmiento, mis en scène par Rémi Cotta, avec Miguel-Ange Sarmiento. Au Théâtre Le Grand Pavois à 14h du 7 au 29 juillet (relâche 9, 16 et 23 juillet).
Pendant le goûter du mardi 9 mars 1971, Michel, deux ans, savoure les derniers moments de bonheur avec sa maman quand soudain tout bascule. Un drame. À partir de ce moment-là, son grand frère ne sera plus là et tout changera au sein de cette famille.
Miguel-Ange, ou plutôt Michel, va nous expliquer avec ses mots et son incompréhension d’enfant ce qui s’est passé ce jour-là. Il nous emmène avec lui dans ce questionnement d’innocence pour comprendre pourquoi la vie doit changer de visage du jour au lendemain dans cet univers qui n’était qu’amour et réconfort familial.
C’est avec tendresse que nous sommes emportés dans ce récit. La narration est terriblement bien imagée et chaque moment, chaque personne et chaque émotion sont amenés avec une telle naïveté enfantine que notre esprit est frappé dès les premières minutes. Une envie de consoler l’auteur et interprète nous suit tout au long de la pièce. Mais il nous est impossible de bouger tant l’histoire est captivante et sensiblement palpable.
À travers des objets, des personnages et des chansons, nous allons découvrir l’effarement de cet enfant qui découvre le malheur grandissant de ce drame. Du haut de son innocence, il va témoigner de l’abîme du deuil et de sa révolte.
Ce magnifique texte, amplifié par un jeu stupéfiant, tire toute sa puissance dans le prisme d’une vision d’un petit garçon et de son interprétation des réactions qui l’entourent. Notamment par la personnification du bonheur quittant le foyer sans attendre de pouvoir en parler. Malgré l’espoir de la présence des parents qui pourraient peut-être ralentir son départ.
Tout le plaisir de cette pièce réside dans la véracité des faits. Miguel-Ange Sarmiento avait besoin de partager son histoire et ses recherches concernant la vérité de ce drame. Il n’y a donc pas de fausseté. Les émotions sont bien réelles et nous transpercent dès les premières minutes. Il est impossible de rester insensible à une telle énergie émotive. De l’interrogation, à la colère, en passant par l’ingénuité des réflexions, l’auteur fait apparaître l’enfant qu’il était, au milieu de ce monde détruit. La résilience étant au cœur du sujet et nous exposant une immense force pour survivre à ce drame.
La mise en scène et le jeu des lumières créent tous les lieux concernés par le récit. Nous voyageons avec aisance de la cuisine à l’église sans jamais nous rendre compte que nous assistons à une pièce de théâtre. Miguel-Ange occupe l’espace comme s’il nous guidait sur le chemin de ses souvenirs.
Coup de cœur d’Avignon 2023 ! À ne surtout pas rater ! Un moment unique que Miguel-Ange Sarmiento nous partage avec toute son âme.