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    [Avignon OFF 2023] Menaces en tous genres au Théâtre Au Bout Là-Bas

    De David Conrad, mise en scène de David Conradavec Ingrid Bonini et Frédéric Guittet. Au Théâtre Au Bout Là-Bas  à 20h55 du 7 au 29 juillet (relâche les 10, 17 et 22 juillet).

    « La menace fait partie de notre quotidien, même si nous mettons tout en œuvre pour l’éviter. A la fois déconcertante et angoissante, elle alimente notre imaginaire qui, parfois, prend le dessus sur la réalité. »

    Voilà ce que nous décrit le programme concernant ce spectacle. Il est très difficile de présenter l’histoire de ces cinq micro-pièces. Comme nous dit l’auteur et metteur en scène, David Conrad : « On avait le texte, les comédiens, la salle et la musique. Tout était prêt pour le Festival d’Avignon. Le problème, c’est qu’il fallait donner envie aux gens de venir. Mais comment décrire cette pièce sans trop en révéler ? ».

    Et pourtant, Menaces en tous genres est une réelle pépite théâtrale qu’il ne faudrait surtout pas louper. Cinq micro-pièces qui abordent plusieurs formes de menaces que nous pouvons vivre dans notre quotidien, que ce soit en étant le sujet ou simplement témoin. À la nuance près que nous entrons dans l’imaginaire. Le rideau de l’absurdité s’écarte et nous traversons les couloirs de ces mondes si particuliers. Les premières secondes, nous apercevons du réel. Et l’instant d’après, nous observons le fantasmagorique.

    Il ne faut pas avoir peur d’entrer dans l’absurdité de David Conrad. Tout va bien se passer, on vous le promet. Pour rassurer les jeunes voyageurs qui auraient l’habitude du concret et des spectacles rattachés au sol, l’absurdité de celui-ci ne veut aucunement dire « non-sens ». Il y a du sens et il y a même énormément de réflexion. Les intrigues sont finement amenées. Comme on déballerait des poupées russes, les histoires se révèlent à nous par de petits éléments qui font grandir toute notre vision. Notre esprit semble s’étendre au fur et à mesure que les univers créés par David Conrad nous sont dévoilés.

    Cinq micro-pièces, cinq histoires. Toutes nous touchent d’une façon ou d’une autre. Par notre vécu, par nos peurs, nos angoisses. La menace est bien présente à chaque mini-récit. Elle s’immisce comme un serpent. Une situation qui démarrait si naturelle, sans désarroi, mais déjà l’étau de l’anxiété se resserre avec un humour grinçant.

    Ingrid Bonini et Frédéric Guittet alternent les personnages avec une facilité déconcertante. Les caractères qui nourrissent chacune des cinq pièces changent aussi vite que le décor. Ingrid Bonini arrive à nous hypnotiser avec beaucoup d’aisance. Ses personnages varient d’une fermeté à une douce gentillesse. Frédéric Guittet voyage dans un claquement de doigt entre l’effarouchement réservé et le charisme oppressant. Le public passe par une phase de malaise pour mieux comprendre tout le poids des différentes menaces qui nous entourent. Nous ne contemplons pas simplement cette représentation, nous la vivons avec les comédiens.

    De plus, les transitions musicales nous permettent de changer d’univers rapidement et les ingénieux décors conçus pour l’occasion nous aident à atterrir sans difficultés dans chaque lieu présenté.

    David Conrad est un auteur de génie perfectionniste. Et son talent n’a d’égal que son immense sympathie. Au moment des applaudissements, un sentiment de manque envahit tout notre corps. Non, ça ne peut pas être fini. Déjà ? Il n’y a pas d’impression de mauvaise fin de spectacle, non. Nous sommes simplement devenus accros au théâtre de Conrad, de son univers.

    Allez voir ces cinq micro-pièces le plus rapidement possible ! C’est pour votre bien ! Mais attention, il suffit d’une dose et on en devient accro.

    Christophe Mitrugno
    Christophe Mitrugno
    Journaliste du Suricate Magazine

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