De et mis en scène par Laura Mariani. Avec Pauline Cassan, Anthony Binet, Sylvain Porcher, Odile Lavie, Alice Suquet et Vincent Remoissenet. Au Théâtre 11 à 16h40 du 7 au 29 juillet (relâche les jeudis).
C’est en animant un atelier théâtre pour des personnes en situation d’handicap (autisme et trisomie 21) que Laura Mariani a eu l’idée d’écrire une pièce sur le sujet. Ayant à l’époque réfléchi sur les normes qui la séparait de ses bénéficiaires et où c’était elle qui n’étais pas la norme, elle a eu l’envie de brouiller les perceptions des spectateurs dans Le jour où j’ai compris que le ciel était bleu. Une manière de faire vivre au public l’inversion des normes qu’elle avait vécu durant ces ateliers.
Le personnage principal s’appelle Claire qui vit avec son frère car son attitude et son comportement différents l’empêchent d’être autonome. Sa seule obsession c’est le chant et surtout de participer à l’émission découvreuse de talent To Be a Star. Un jour, le voisin s’introduit dans l’appartement en l’absence de son frère et tente de l’étreindre contre son gré. Prise de panique, Claire réagit violemment et lui écrase de toutes ses forces un énorme cendrier sur la tête. Ce qui le plonge dans le coma, entre la vie et la mort. Claire est alors internée dans un hôpital psychiatrique en attendant son procès qui décidera si elle est responsable de ses actes. Si elle est victime ou coupable. Elle est rapidement diagnostiquée autiste et déficiente mentale.
Ne tournons pas autour du pot plus longtemps, Le jour où j’ai compris que le ciel était bleu est une pépite théâtrale. Tout est réalisé avec réussite que ça soit l’interprétation, le texte ou la scénographie et les lumières. La première chose qui nous frappe, c’est l’interprétation de Claire par Pauline Cassan qui est bluffante de réalisme. Serait-ce réellement une actrice ayant cet handicap ? Il faudra attendre la fin et la rencontre de la comédienne qui n’est plus dans son personnage pour en être persuadé. Le personnage du frère créé par Anthony Binet est aussi très touchant et permet aux spectateurs de ressentir toute l’empathie pour les situations décrites dans la pièce : les interrogatoires de la police, les rapports psychiatriques, les peurs de Claire, etc. Mais tout cela est possible grâce à tout ce qui les entourent : un texte et une histoire magnifique, un jeu de lumière superbe (retenez bien les lumières jaunes qui sont importantes) et des décors impeccables. Il se compose de rois zones bien distinctes : la chambre de Claire qui symbolise son imaginaire et son espace mental ; le bureau de la police, du psychiatre, de l’avocat qui symbolise le réel ; le couloir de l’hôpital où les protagonistes attendent et qui symbolisent l’errance, le questionnement et les doutes (les stores qui sépare cette zone des autres est vraiment bien trouvé).
Au final, Le jour où j’ai compris que le ciel était bleu est souvent drôle, toujours émouvant et il est difficile d’applaudir à tout rompre dès que la lumière s’éteint, encore sous l’émotion des 70 minutes que l’on venait de vivre.