De Stefan Zweig, adaptation et mise en scène de Elodie Menant, avec Hélène Degy/Elodie Menant, Aliocha Itovitch et Ophélie Marsaud. Au Théâtre de la Scala Provence à 19h30 du 7 au 29 juillet (relâche les 10, 17 et 24 juillet).
Ecrite par l’écrivain autrichien Stefan Zweig en 1913, La peur est publiée pour la première fois à Berlin en 1920 sous le titre original Angts. Elle est l’une des rares nouvelles de l’écrivain à être éditée séparément, pour se retrouver plus tard dans un recueil intitulé Kaleidoskop. Il en existe deux versions : la version longue de 1920 et une version courte parue 5 ans plus tard. C’est cette dernière version qui arrivera finalement sur les bancs parisiens en 1935. Plusieurs adaptations cinématographiques seront produites avant qu’Elodie Menant ne propulse la nouvelle sur les planches d’un théâtre pour la première fois.
Le décor représente l’intérieur d’une cuisine dans les années 50. Astucieusement créés, les murs se déplaceront au fur et à mesure des scènes et deviendront un véritable accessoire de jeu qui nous propulsera parfois en extérieur pour nous faire revenir à l’intérieur, ou servira de support visuel mouvant lors de scènes d’angoisse nerveuses. Les costumes sont convaincants, les déplacements fluides et les transitions tout autant. Des rythmes changeant jusqu’aux jeux de lumière, tout est fait pour nous plonger dans un véritable univers à la Hitchcock.
L’histoire est celle d’Irène, mère au foyer, qui trompe son mari, Fritz, avocat pénal. Un soir, elle se retrouve confrontée à une femme qui l’attend devant chez son amant. Elle se prétend la petite amie de ce dernier et interdit alors à Irène de le revoir. S’ensuit une relation d’extorsion où le chantage toujours plus pervers amènera Irène à s’enfermer dans son mensonge toujours plus profondément, ne vivant plus que dans la peur et l’angoisse d’être découverte. Joué en alternance par Elodie Menant et Hélène Degy, c’est cette dernière que nous découvrons dans le rôle d’Irène. Superbement interprété par l’actrice, Irène nous dévoilera un jeu tout en nuances dont le trouble ne fera que croitre, amenant les spectateur dans une atmosphère toujours plus angoissante. Soutenue par l’interprétation saisissante d’Ophélie Marsaud dans le rôle de la petite amie, et par le jeu ténébreux de l’époux, Aliocha Itovitch, Hélène Degy nous emmènera toujours plus loin dans la détresse, nous tenant en haleine jusqu’à la fin. Véritable renversement de situation, cette fin sidérante laissera le spectateur à bout de souffle.
Par un jeu d’acteur captivant et un texte palpitant, La peur nous offre un spectacle prenant où l’angoisse nous tient en haleine. Nous sortons de la salle heureux de cette belle découverte mais le coeur encore un peu agité par l’émotion. Pour les amateurs du genre, cette pièce est à ne pas rater !