De Oscar Wilde, mise en scène de Bruno Dairou, avec Josselin Girard. Au Théâtre Albatros à 14h20 du 7 au 29 juillet.
En 1987, Oscar Wilde se retrouve condamné à deux ans de prison pour homosexualité dans un procès qui l’oppose au père d’Alfred Douglas, alias Bosie, son jeune amant. Il est envoyé à la prison de Reading où il obtient du directeur le privilège exceptionnel de pouvoir écrire, à la condition qu’il remette tous les soirs son matériel d’écriture et ses écrits au personnel pénitentiaire. Oscar Wilde entreprend alors de rédiger une longue lettre à Bosie où il lui confiera tout ce qu’il a sur le coeur concernant leur relation. De tout cela nait De Profundis, un texte splendide de transparence sur ses conditions d’emprisonnement, sur l’image qu’il a de son jeune amant, de lui-même, de leur relation, ainsi que tous ses regrets, ses peines, ses déceptions.
Sur scène, un grand écran blanc relègue les spectateurs dans leurs siège, laissant leur curiosité tenter d’imaginer ce qui se cache derrière. Un portrait y est projeté et nous tient en halène : celui de Bosie. La suite du décor se révèlera alors et derrière cet écran, nous découvrirons une cellule de prison simple et sans fioriture dans laquelle Oscar Wilde (Josselin Girard) évoluera en s’appropriant chaque objet jusqu’à vider la scène de tout son décor, comme s’il nous montrait ainsi qu’il avait terminé de dire tout ce qu’il avait à dire, jusqu’à quitter cette scène à l’abandon, seule, comme Wilde l’avait été dans cette cellule. Au centre de cette mise en scène, un petit carnet ne quitte jamais vraiment notre champ de vision, accompagnant l’acteur tel un second protagoniste. Ce carnet semble représenter le matériel d’écriture dans lequel Oscar Wilde pouvait s’épancher, celui-là même qui l’avait accompagné et qui est à l’origine de cette pièce.
Josselin Girard nous offre un jeu qui nous semble plus proche de la déclamation, avec un phrasé parfaitement maîtrisé mais qui nous semble tenir le spectateur à distance. Il nous raconte les mots d’Oscar Wilde avec sobriété, y mettant parfois de la colère, parfois de la tristesse, sentiments très justement placés. Sur les planches, Josselin Girard est éblouissant de maîtrise et de nuance et nous écoutons attentivement l’interprétation qu’il nous offre.
Nous ressortons de cette pièce compatissants envers Oscar Wilde mais également avec une meilleure compréhension de ses sentiments. Le texte de De Profundis nous a séduits et le jeu sans fioriture de l’acteur nous a bercés.