Ecrit et mis en scène par Gérard Watkins, avec Hayet Darwich, Julie Denisse, David Gouhier, Maxime Lévêque et Yuko Oshima. Au Théâtre 11 Avignon à 22h15 du 7 au 29 juillet (relâches les 12, 19 et 26 juillet).
Les violences conjugales sont un fait avéré et pourtant, trop de personnes la subissent encore aujourd’hui au quotidien. Comprendre les mécanismes qui mènent à de telles extrémités devient alors nécessaire, mais c’est principalement de savoir qu’il est possible de s’en sortir après avoir vécu une telle expérience qui est primordial. C’est d’ailleurs une des volontés qui a animé Gérard Watkins dans Scènes de violences conjugales.
Le décor est sobre. Yuko Oshima nous accueille au son de sa batterie au fond de la scène. Devant elle, une table et des blocs qui feront office d’assises. Au devant de la scène, une plateforme qui symbolisera notamment un lit. D’autres blocs mobiles pourront être ajoutés. La mise en scène est intéressante dans ce croisement des deux couples qui restent visible en toute circonstance, symbolisant ainsi le parallèle de leurs vies malgré leurs parcours différent. Néanmoins, nous pouvons nous questionner sur la pertinence de certaines scène comme celle de la visite immobilière. De la même manière, pourquoi intercaler un discours entre une scène finale et une dernière scène qui fera office d’épilogue ? De quoi perdre le spectateur qui ne saura plus où se trouve la fin.
Cette pièce est l’histoire de deux couples. Rachida et Liam sont jeunes, issus d’un milieu violent et précaire. Annie et Pascale sont au milieu de leurs vies, issus de classe moyenne. La superposition de deux parcours est intéressante mais nous regrettons quelque peu que cela se symbolise par un certain cliché de l’homme français qui bat la femme arabe et de l’homme fort qui bat la femme naïve. Il aurait pu être intéressant également d’exploiter le sujet des violences de la femme envers l’homme, mais dans une société où les violences faites aux femmes sont plus conséquentes, ce choix peut se justifier. Nous suivons donc les deux relations évoluer au fil du temps vers une violence toujours plus brutale, toujours plus terrible. S’il manque de nuances dans cette évolution, notamment dans les prémices où les personnages masculins nous semblent déjà détestables et où il est difficile d’imaginer que ces femmes aient pu rester à leurs côtés, le jeu des quatre acteurs est prenant. La scène où Julie Denisse nous crie presque inaudiblement son impuissance est particulièrement poignante. Les problématiques abordées telles que la culpabilisation notamment mais également la sexualité nous semblent réalistes. Et nous soutenons également la volonté de Gérard Watkins de ne pas faire mourir ces femmes mais plutôt de présenter l’après relation, tel un message d’espoir pour toutes les personnes qui auraient pu vivre cette horrible expérience. Il est malgré tout regrettable que la volonté de présenter deux couples ait réduit certaines nuances dans la progression de ces relations, tout semble aller trop vite. Et que penser de ce discours incorporé dans le final ? Julie Denisse joue-t-elle encore ou nous explique-t-elle que son personnage est tiré de sa propre vie ? Le doute persiste.
Scènes de violences conjugales est une pièce porteuse d’un beau message d’espoir avec une volonté de dénoncer la violence conjugale. Si certains éléments nous questionnent ou nous interpellent, nous pouvons applaudir la performance émouvante des comédiens et la démarche de l’auteur.