De Jean-Paul Sartre, mise en scène de Laetitia Lebacq, avec Laetitia Lebacq, Baudouin Jackson, Bertrand Skol et Philippe Godin. Au Théâtre des Corps Saints à 11h40 du 7 au 30 juillet (relâches les 11, 18 et 25 juillet).
En 1947, Jean-Paul Sartre publie La putain respectueuse, une pièce de théâtre en un acte et deux tableaux. Cette pièce se veut la dénonciation d’un racisme américain envers les noirs qui sonne tristement à nos oreilles dans une société où le rôle du sénateur aurait très bien pu être remplacé par celui d’un président. La compagnie Strapathella nous en présente sa vision.
Nous sommes dans un salon. Sur scène, une table et des chaises, un fauteuil, des effets de toilette, un rideau en fils rouges qui permettra la symbolisation d’une fenêtre, et divers autres détails. Des paravents représenterons l’accès à l’entrée et celui des autres pièces de l’appartement. Une fenêtre à l’avant de la scène sera également symbolisée par une lumière qui s’allumera lorsqu’un des personnages y regardera. Tout, dans cette mise en scène de Laetitia Lebacq, est réfléchi pour que le spectateur puisse comprendre ce qui se passe en dehors de ce salon tout aussi bien qu’à l’intérieur, jusqu’aux ombres projetées sur le paravent de l’entrée, qui nous montreront ce que l’on n’aurait pu voir autrement.
La pièce débute sur Lizzie, une prostituée un peu naïve qui vient de passer la nuit avec un homme dont elle ignore encore le nom. Elle arrange son salon et dispose des verres et des biscuits sur la table. Puis l’homme arrive et l’intrigue se met doucement en place. Nous apprenons que la jeune femme a en fait été témoin de l’assassinat d’un homme noir par un homme blanc et que l’homme qui a passé la nuit avec elle est en réalité le fils du sénateur, Fred, et le cousin de Thomas, le meurtrier. S’en suit un thriller où manipulation politique et intimidation sont de mise alors que les riches blancs tenteront de convaincre la prostituée de témoigner contre un homme noir afin d’innocenter Thomas. A travers le personnage de Lizzie très justement interprété par Laetitia Lebacq, nous découvrons une ambivalence émotionnelle avec d’une part une volonté d’aider un innocent, et d’autre par celle d’être aimée et de vivre une vie tranquille. Baudouin Jackson, l’homme noir, tentera de la convaincre de l’aider, nous interprétant avec émotion sa terrible impuissance et son incompréhension face à l’injustice à laquelle il est confronté. Quant à Bertrand Skol et Philippe Godin, ils incarneront Fred et le sénateur avec emportement pour l’un et flegmatisme pour l’autre, amenant le spectateur, chacun à leur manière, à les détester.
Dans cette interprétation de La putain respectueuse, la compagnie Strapathella nous tient en haleine. Plus qu’une dénonciation du racisme, c’est un véritable thriller passionnant. Lizzie finira-t-elle par céder ou restera-t-elle fidèle à ses conviction ? La justice triomphera-t-elle ou l’homme noir, le « nègre », sera-t-il victime d’un racisme que lui-même n’explique pas ? Vous avez jusqu’au 30 juillet pour aller le découvrir au théâtre des Corps Saints !