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    [Avignon OFF 2022] Eurydice aux enfers au Théâtre Arto

    De Gwendoline Destremau, mise en scène de Gwendoline Destremau, avec Tom Bérenger, Emilie Bouyssou, Arthur Dupuy, Pierre-Louis Gastinel et Louise Herrero. Au Théâtre Arto à 19h35 du 7 au 30 juillet (relâches les 13, 20 et 27 juillet).

    D’après le mythe, Orphée et Eurydice sont fous d’amour l’un pour l’autre lorsque la jeune femme décède subitement, mordue par un serpent. Orphée, désespéré par la disparition de sa bien-aimée, s’infiltre aux enfers pour récupérer Eurydice. Il charme par sa musique le passeur Charon, le chien à trois têtes Cerbère, les trois juges des morts, les Euménides, puis arrive jusqu’Hadès. Ce dernier l’autorise à remonter à la surface suivi de sa belle, à la condition qu’il ne se retourne jamais pour la regarder. Mais, à la porte des enfers, si près du but, Orphée se retourne pour s’assurer qu’elle le suit toujours toujours, la perdant ainsi à jamais. La Compagnie de l’Eau qui Dort, par les mots de Gwendoline Destremau, décide alors de réinterpréter le mythe à sa façon, en inversant les rôles d’Orphée et Eurydice d’abord, et en le modernisant ensuite, et tout cela sans négliger l’humour.

    La pièce débute dans le noir par une introduction qui se rappellera à nous lors de la clôture de la pièce. Le décor est sobre, parfois une chaise, un musicien dans un coin, la mise en scène est principalement centrée sur les acteurs comme pour fixer le regard du spectateur sur ce qui importe réellement. Les costumes, eux, sont parfois sobres, parfois extravaguant, mais toujours en adéquation avec le personnage interprété, bien qu’une tenue et des sandales qui n’arrivent pas soient annoncées. Quant au jeu de lumière, il est également parfaitement en accord avec la mise en scène générale, jouant sur les ombres, les lumières tamisées, ou le psychédélique, révélant une cohérence globale de la pièce qui maintient l’attention du spectateur sur le coeur de l’histoire.

    Cette histoire est celle d’Eurydice, amoureuse d’Orphée qui vient de décéder suite à une maladie. On nous raconte d’abord sa descente aux enfers, pour finalement surprendre le spectateur par une entrée inattendue de l’actrice. Si Louise Herrero reste dans le rôle d’Eurydice du début à la fin, rôle qu’elle interprète d’ailleurs avec justesse et émotion, les trois autres acteurs jouerons tour à tour Orphée, un groom, un showman au faux air d’Elvis, une âme égarée, une agente immobilière, cerbère, et j’en passe. Même le musicien Arthur Dupuy tiendra un véritable rôle dans cette pièce. Les rôles des trois autres acteurs s’enchaînent par ailleurs de manière fluide, montrant une mise en scène efficace, chacun d’entre eux nous révélant son talent d’interprétation et d’adaptation d’un rôle à l’autre. La pièce se termine sur une note touchante lorsque le thème de l’amour est abordé, agrémentée des larmes de Louise Herrero. Et à ce moment-là, une question se pose… Que serions-nous prêts à faire par amour ? Et que serions-nous prêts à faire pour continuer à aimer ?

    L’objectif de la Cie de l’Eau qui Dort de parler des vérités inconscientes de nos mythes tout en faisant des liens entre le passé et le présent pour légitimer ce que nous traversons aujourd’hui, semble atteint dans Eurydice aux enfers. Tant l’énergie des acteurs que la justesse de leurs jeux et de la mise en scène auront su nous faire rire et nous émouvoir à la fois, mais également nous questionner sur le thème principal de cette pièce : l’amour.

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