De Julie Douard, mise en scène de Olivier Lopez, avec François Bureloup. Au Théâtre des Halles (conservatoire grand Avignon) à 14h30 du 7 au 26 juillet (relâches les 13 et 20 juillet).
La normalité, bien qu’elle sous entende le suivi d’une certaine norme, est un concept somme toute plutôt subjectif. C’est d’ailleurs ce que le magnifique texte de Julie Drouard nous montre dans sa pièce Augustin Mal n’est pas un assassin. Avec une progression tout en douceur, elle nous emmène dans le mental de celui qui, à défaut d’être un assassin, ne voit pas les rapports humains de la même manière que tout un chacun.
L’oeil du spectateur se pose tout d’abord sur une scène épurée où un tabouret et une mystérieuse boite, contenant quelques plaisirs secrets de notre personnage, l’attendent. Puis l’acteur paraît. Par un fond de couleur qui passe du blanc au rouge en passant par le bleu ou le mauve, le ton est lancé, et les scènes s’enchaînent.
Dans ce seul en scène, nous découvrons un personnage qui nous semble de prime abord sympathique quoiqu’un peu déjanté. Dans le rôle d’Augustin Mal, François Bureloup, avec une belle énergie et malgré quelques cafouillages dans son texte, nous amène à éprouver de l’empathie pour ses émotions et ses envies. Avec son jeu admirable à double facette qu’il aurait peut-être même pu explorer davantage encore, tantôt souriant et agréable, tantôt presque menaçant rien que par le regard, il nous dévoile une certaine ambivalence qui nous fait parfois rire mais nous amène surtout à nous questionner sur qui est vraiment Augustin Mal. Envieux de la condition féminine et imitateur de virilité, il se décrit lui-même comme poli, mais surtout, très propre et fier de l’être ! Sans compter qu’Augustin Mal est également un grand amateur de familiarité. Et lorsque sa familiarité l’amène à voir uniquement ce qu’il veut voir au détriment du désir des autres, la pièce prend un tournant différent. Le ton reste léger, mais l’ambiance s’assombrit.
Augustin Mal n’est pas un assassin est une pièce qui aborde un thème lourd en nous embarquant dans l’imaginaire d’un personnage singulier qui, malgré sa noirceur, parvient à nous faire sourire. N’hésitez pas à aller découvrir ce texte de Julie Douard et le jeu de François Bureloup, mais n’oubliez pas, en ressortant du Conservatoire, de prendre un peu de recul sur vos propres émotions !