Mise en scène de Thomas Prédour avec Dyna et Isnelle da Silveira à l’interprétation et au chant et Charles Loos au piano
Du 16 au 25 juillet (relâche le 19) à 19h30 à la La Manufacture, salle du Château de Saint-Chamand (une navette aller-retour est comprise)
Nina Simone, une des artistes essentielles du 20e siècle, mais aussi une mère. Lisa Simone, sa fille, également chanteuse, emménage dans la villa où sa mère a fini ses jours. Dans un coffre, elle découvre son autobiographie. Soudain, quelqu’un apparaît. C’est Nina. Cette nuit, ces deux femmes se parlent et chantent l’amour, la lutte pour les droits civiques, la filiation, la maladie et l’afroféminisme. Jazz et musique classique s’entrechoquent dans une odyssée théâtrale et musicale sans champagne mais avec un pianiste et deux superbes voix.
Déjà présent à Avignon en 2019 et prolongeant son succès en France et en Belgique, le spectacle NinaLisa est de retour dans cette édition 2021. Si retranscrire la vie de la chanteuse est important dans ce spectacle, on retrouve aussi deux autres thématiques importantes : la relation mère-fille et la lutte pour les droits civiques. La première sert de fil rouge pour raconter l’histoire de Nina Simone au travers d’éléments biographiques et de chansons plus ou moins connues de l’artiste. La deuxième devient de plus en plus important au fur et à mesure qu’on avance dans le récit et réussit à toucher et conscientiser le spectateur sur des inégalités malheureusement toujours aussi présentes dans notre monde actuel. Si le spectacle et le message délivré fonctionnent si bien c’est qu’il est présenté par trois artistes au mieux de leur forme : le pianiste de jazz, Charles Loos, la formidable chanteuse Dyna et Isnelle Da Silveira, artiste charismatique et à l’énergie fantastique. NinaLisa réunit tous les ingrédients d’un spectacle réussi : des artistes talentueux, une histoire passionnante et un message important à retenir.
Pour en savoir plus sur ce spectacle engagé, nous avons échangé quelques mots avec son metteur en scène, Thomas Prédour :
Quel est votre parcours ?
Après avoir dirigé le centre culturel de Leuze-en-Hainaut, je suis devenu Directeur du centre culturel de Watermael Boitfort. Je suis passé d’une toute petite équipe à une équipe de 15 personnes, d’un travail plutôt associatif à un travail artistique. J’ai ensuite était conseiller pour la ministre de la culturel de Joelle Milquet et Alda Greoli. Après les attentats de 2016, j’ai commencé à me dire que je n’étais pas à ma place, que c’était un métier avec beaucoup de pression et que je voulais changer de vie. Depuis toujours, je voulais faire du théâtre mais on ne m’a pas laissé essayer quand j’étais jeune. J’ai ensuite créé une conférence gesticulée sur les choix qu’on fait et qu’on ne fait pas dans la vie.
D’où vient l’idée d’un spectacle sur Nina Simone ?
Je tombe sur un livre, Nina de Gilles Leroy qui pour moi, aurait fait un grand film. Quand j’étais à la Vénerie, Dyna jouait déjà une des chansons de Nina Simone et je me suis dit plutôt que d’en faire un film pourquoi ne pas en faire un spectacle ? Mais Dyna était trop jeune pour faire Nina Simone pendant toutes les périodes de sa vie. C’est en voyant le documentaire What Happened, Miss Simone ? que j’ai découvert Lisa Simone et j’ai vu Dyna dans ce rôle. J’ai pensé alors à axer la pièce sur le dialogue mère fille. C’est un ami, Serge Aimé Coulibaly, qui s’occupe des chorégraphies du spectacle, qui m’a dit qu’il connaissait Isnelle da Silveira, qu’elle a déjà travaillé sur Nina Simone, et m’a proposé de la rencontrer. Au bout de trois heures de discussions, elle était partante pour le projet.
Il me restait encore à trouver quelqu’un pour la musique. J’étais, au départ, obnubilé par le fait de n’avoir que des femmes noires sur la scène. Mais Nina Simone jouait avec des hommes, souvent blancs. On m’a alors fait rencontré Charles Loos, qui a joué en première partie de Nina Simone en Ostende et qui était le premier pianiste de Mauranne. On a fait deux jours de concerts à la Chapelle de Boendaal à Ixelles en juin 2017 et ça a marché. On a alors décidé avec Isnelle de coécrire un spectacle et de participer à un festival d’étapes de travail où le Théâtre Le Public nous a vu et nous a invité à jouer le spectacle chez eux en janvier 2019.
Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que tout est allé vite. Depuis les concerts juin 2017 et la création au Public en janvier 2019 jusqu’à l’été 2019 à Avignon. Ensuite on a vite eu beaucoup de dates. J’ai appris dans cette aventure, qu’il faut savoir s’entourer, ne pas croire que l’on a la vérité tout seul. C’est l’avantage d’être plus âgé quand on monte son premier spectacle, c’est que l’on a déjà rencontré beaucoup de gens durant son parcours.
Comment s’est déroulé le travail sur cette pièce ?
C’est du théâtre en partie documentaire. Mais quand j’ai commencé à traduire les chansons, je me suis dit que ça allait devenir une comédie musicale. C’est pour ça que dans le spectacle, elles sont surtitrées. Les chansons font avancer le récit, raconte l’histoire. Petit à petit on a eu une trame et Isnelle m’a fait découvrir des chansons, moi d’autres et on est parti ensuite sur des improvisations. Isnelle a amené beaucoup d’elle alors que Dyna était plus chanteuse et respectait le texte qu’on lui donnait. Charles Loos a quant à lui adapté toutes les chansons au piano. On a, au début, fait beaucoup de séances avec juste le piano et leurs voix.
On a eu quand même une difficulté : est-ce que l’on peut faire un spectacle avec Lisa Simone alors qu’elle est encore vivante ? Qu’est-ce qu’il faut en terme de droits d’auteur ? Mais mes co-producteurs m’ont rassuré en me disant qu’il n’y avait pas de problèmes tant qu’on ne dénature par ses propos ou que l’on ne change pas sa vie. Pendant qu’on jouait au Public, j’ai vu qu’elle était à Flagey et j’ai réussi à la contacter par e-mail. Elle a approuvé le projet même si elle n’a finalement pas réussi à venir voir le spectacle.
Vous pouvez m’en dire plus sur l’affiche du spectacle ?
Quand on était venu en 2019 au festival d’Avignon c’était plutôt une photo de Dyna et Isnelle. Quand nous sommes allés à Paris le centre Wallonie-Bruxelles m’a dit qu’il fallait un visuel et pas une photo. J’ai alors travaillé avec une jeune artiste, Silvia Baldan. On a réfléchit à amener l’histoire à travers une image : on a le contour de l’Afrique et le visage de la mère et la fille qui ne regardent pas dans la même direction et en même temps sont proches. En fond, on retrouve des images en rapport avec la lutte pour les droits civiques.
Quel est le message que vous voulez faire passer dans NinaLisa ?
Il faut profiter de la vie à chaque instant. C’est aussi ce que je veux faire passer dans Nina Simone : même si on a eu une vie difficile mais il faut arriver à se réconcilier avec les personnes. Ce que Nina par faire avec sa fille Lisa.
Par rapport au spectacle 2019, on parle aussi maintenant de France, de Belgique et des évènements récents aux Etats-Unis : Adama Traoré en 2016, Lamine Bangoura en 2018 ou encore George Floyd en 2020. Tous étouffés par la police, écrasés par un état. Le but étant de ne pas se concentrer que sur les années 60, de ne pas se dire que ce n’est pas grave, que ça se passait il y a longtemps.
Pour moi l’activisme est aussi important, si je vais sur une scène c’est aussi pour dénoncer l’injustice. Par rapport à d’autres spectacles sur Nina Simone que j’ai vu et qui se concentrait sur sa vie, j’ai voulu ajouté une dimension politique.
Plus d’infos sur : https://www.ninalisa.be/
Prochaines dates :
Place aux artistes à La Ferme du Biéreau de Louvain-la-Neuve : 31 juillet 2021
Centre culturel de Leuze-en-Hainaut : 23 septembre 2021
Espace Malraux à Sarcelles (France) : 28 septembre 2021
Palais du Littoral à Grande Synthe (France) : 8 octobre 2021
Salle Saint-Jean à La Motte Servolex (France) : 17 octobre 2021
Centre culturel de Waterloo : 22 octobre 2021
Studio Théâtre à Stains (France) : 18 novembre 2021
Espace Jean Racine de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (France) : 19 novembre 2021
Théâtre de la Ville de Valence (France) : 2 décembre 2021