Mise en scène de Violette Mauffet et Julien Jacob, avec Guillaume Nocture, Crystel Galli, Vincent Gaillard.
Il est toujours dangereux de concevoir un spectacle autour d’un artiste entré dans la légende. On risque trop souvent la caricature ratée ou d’être écrasé par le talent de cette personnalité. Guillaume Nocture, auréloé du succès de Ce soir, j’attends Madeleine, explorant le répertoire de Jacques Brel, s’attaque cette fois-ci au chanteur-comédien-musicien André Bourvil.
La meilleure idée d’Au petit bal perdu est d’avoir fait comme héros central du spectacle, Léon, un petit gars de la campagne tourmenté par ses amours. Un jour, il tombe par hasard sur un courrier invitant Bourvil à un concert dans une soirée privée. Il décide de prendre sa place et de montrer tout son talent. C’est surtout là-bas qu’il trouvera l’amour… En prenant ce personnage benêt et campagnard comme Bourvil en interprètera tant (ce Léon est d’ailleurs inspiré d’un film de Bourvil, sorti en 1946, Pas si bête), Guillaume Nocture évite la caricature et peut se permettre à peu près tout en prenant comme fil rouge un personnage qui admire Bourvil et qui tente de l’imiter.
Pour suivre les tribulations de ce fameux Léon, le trio de chanteurs interpètent chaque fois une chanson du répertoire de Bourvil, trouvée parfois dans les moins connues ou les plus tendres. Seul hit bien représenté : La Tactique du gendarme, les autres n’étant citées qu’au moyen d’extraits disséminées un peu partout dans le spectacle. C’est le moment rêvé pour (re)découvrir C’était bien, La tendresse, Le Facteur, Le Hocquet, A Joinville le Pont, etc.
Au moyen de costumes et de décors (un piano à la fois bar, guichet de gare, 2CV, etc.) simples mais efficaces, les trois comédiens-musiciens-chanteurs Guillaume Nocture, Crystel Galli et Vincent Gaillard explorent tout un pan de la carrière musicale de Bourvil et emmènent dans un voyage temporel exquis, un public conquis. Au final, Au petit bal perdu réussit son pari : être un bel hommage et non une énième parodie d’un gra,d artiste. On a qu’une envie après le spectacle, écouter tous les tubes de Bourvil, connus ou moins connus.