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    [Avignon OFF 2016] Modèle vivant, au théâtre de l’Arrache-Coeur

    modele vivant affiche

    Mise en scène : Xavier Lemaire écrit et nterprété par Stéphanie Mathieu – crédit photo : Photo Lot

    Du 7 au 30 juillet, tous les jours à 22h05 aux Théâtre de l’Arrache-Coeur au Festival OFF à Avignon

    Dernière pièce de notre voyage en terre sainte du théâtre, Modèle vivant n’était qu’un défi : voir un spectacle où une actrice, mis à nu, au sens littéral, peut embarrasser le public. Ce défi s’avèrera une des plus belles surprises de notre sélection et la nudité n’y est pour rien. Retour sur ce beau témoignage de Stéphanie Mathieu.

    Elle témoigne, dans Modèle vivant, de la vie d’une modèle qui livre son corps aux académies, aux artistes, etc. qui sculptent ou dessinent. Ces gens qui la regardent et qu’elle regarde. Rester longtemps dans des poses, parfois douloureuses, lui laisse le temps de détailler les personnes qui sont dans la même pièce mais aussi de réfléchir sur sa vie, sa condition de modèle, sa féminité, son rapport avec cette nudité qu’elle offre sans concessions.

    Ce récit, écrit par son interprète, reste trouble, sûrement volontairement, entre la réalité et la fiction. Le personnage parle de son passé de danseuse, de ses compositions théâtrales, proches de l’expérience de l’actrice sans pour autant affirmer que c’est son histoire.

    Passé le premier déshabillage qui attire évidemment tous les regards sur ce corps « impudique », le spectateur est intégralement plongé dans les pensées de l’artiste, son rapport au monde et à sa condition. Tant est si bien, que l’on oublie totalement le corps que l’on a devant soi. L’actrice est consciente de ce changement est joue habilement de cet état, jonglant entre les poses crues et de longs moments où elle ne se dévoile que très peu. Ses confessions les plus personnelles étant narrées derrière une tenture où seule la tête dépasse.

    On ne peut pas être toujours d’accord avec le discours (son rapport avec le physique et les rondeurs peut interpeller) mais le but de la pièce n’est pas de convaincre, juste de témoigner d’une vie, de parler d’une personne qui assume ses choix. Le talent de l’actrice et son occupation de l’espace finit de rendre le tout profondément passionnant. A découvrir sans honte et sans préjugés.

     

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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