auteur : Frédéric Couderc
édition : Héloïse d’Ormesson
sortie : mai 2018
genre : fiction littéraire
Le dernier roman de Frédéric Couderc est un subtil voyage dans les brumes du passé en Argentine. Dans ce pays meurtri par la dictature sanguinaire de Videla (de 1976 à 1983), des enquêtes liées aux trente mille disparus (« desaparecidos ») sont rouvertes plus de vingt ans après les faits et bousculent deux destins personnels qui vont se lancer à corps perdus dans une quête identitaire pour découvrir la vérité.
Par une force mystérieuse, deux vies prédestinées vont s’entremêler et sonder les nombreux mystères qui entourent leur passé. Tout part d’une rencontre improbable : Gabriel et Ariane font connaissance dans un musée au Havre face à une peinture figurative argentine. Lui est réfugié argentin. Elle est femme de diplomate. Ils l’ignorent encore, mais l’Argentine et l’amour viennent de se poser entre eux, bouleversant le cours de leur existence. Alors que, pour Gabriel, de douloureux souvenirs refont surface et lui rappellent les événements tragiques qu’il voulait fuir, Ariane s’interroge sur les origines troubles de la naissance de sa fille adoptive qui a vu le jour en Argentine au moment où la junte militaire était au pouvoir.
Sur fond de mensonges, secrets et trahisons, le roman opère un retour sur les pages les plus sombres d’Argentine. Des sinistres « vols de la mort » (des détenus vivants furent jetés dans les eaux du Rio de la Plata) aux nouveau-nés arrachés aux prisonnières, en passant par la lutte inlassable des « Grands-mères de la Place de Mai » pour restituer la vérité sur le sort de leurs enfants disparus. Aucune pierre ne brise la nuit s’attarde avec précision sur les plaies pas encore refermées de l’histoire du pays de Borges. Dans un climat de mystère, le livre explore habilement les cicatrices et les silences laissés par la junte militaire. Le roman revient notamment sur les liens étroits entre les militaires au pouvoir et d’anciens membres de l’OAS à la manœuvre pour commettre les pires exactions.
Sur fond de recherche identitaire et sous un angle français, Frédéric Couderc signe une histoire portée par un souffle romanesque intense aux confins du polar sentimental et du récit historique. Dans ce roman haletant, on retrouve des personnages attachants hantés par l’idée du destin.
Aucune pierre ne brise la nuit rend, à sa manière, un vibrant hommage aux victimes sans sépulture tombées sous le régime de Videla et, par la même occasion, met en lumière les personnes qui œuvrent quotidiennement à la reconstruction du pays par un travail de mémoire et de résilience.