The Room Next Door
Réalisateur : Pedro Almodóvar
Genre : Comédie, Comédie dramatique, Drame
Acteurs et actrices : Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro
Nationalité : USA, Espagne
Date de sortie : 8 janvier 2025
Aussi important que soit le fait de porter un message, une idéologie plus ou moins forte, dans un film, un long-métrage n’est pas une note d’intention. Pour être plus précis, une volonté didactique n’est pas suffisante, il faut un minimum de divertissement. Celui-ci peut prendre bien des formes, une narration prenante, une esthétique travaillée, l’utilisation d’un langage cinématographique poussé, des blagues, des jump scare, etc etc. Sans divertissement, le film s’oblige à déployer un discours pointu, original, documenté afin de combler ce manque de charme. Ainsi, si le postulat de base de The Room Next Door, celui du choix de la dignité dans la mort, de l’euthanasie, pouvait apparaître comme ce qui porte seul le long-métrage, le sujet est finalement assez rapidement accepté et ne laisse voir autour qu’un immense vide.
Oui, le pitch est des plus intéressants. Une femme d’une soixantaine d’années se fait diagnostiquer un cancer incurable et troque quelques mois de vie dans un état de santé critique contre une mort choisie, un désir de ne pas souffrir en vain. Faite à cette idée, cette femme doit convaincre une amie de partager ses derniers jours et de l’aider à partir dignement. Sauf que ça, ce n’est que le premier tiers du film, lui-même entrecoupé de flash-backs décousus, sortis de nulle part, et franchement banals dans leurs contenus.
Le pire résidant quand même dans la seconde grosse moitié du long-métrage, une longue attente où rien ou presque ne bouge, où n’évoluent que des bourgeois, dans un cadre bourgeois, avec des problèmes bourgeois. La vacuité à l’état pur. Dans la bouche de John Turturo, des mots qui semblent être ceux du réalisateur, fustigeant le Monde de fléaux véritables, mais sans réelle autre proposition que de les lister. Oui, la planète se meurt, oui l’humanité se divise, oui c’est triste, mais énumérer pour énumérer n’a jamais servi à rien. Le film ne va pas plus loin, préférant s’attarder sur le désarroi risible de personnages déconnectés de la société qu’ils conspuent.
Pour sauver le tout, pas grand-chose. Outre cette narration qui n’avance pas, le film ne peut pas se reposer sur une esthétique grandiose ou une mise en scène novatrice. L’image ne semble même pas utile à la compréhension du film, tant on pourrait fermer les yeux sans que l’expérience ne change, tant on a l’impression de regarder une fiction sonore. De manière plus globale, ces dernières semaines ont fait la part belle aux réalisateurs septua-octo-nonagénaires, et après l’insipide suite de Gladiator et le nauséabond Juré numéro 2, ce superficiel The Room Next Door n’encouragerait-il pas à faire, dans le cinéma aussi, une réforme des retraites ?