Mise en scène de Jonathan Moncef Kibani Boussaleh
Avec Edson Anibal, Jean-Marc Judith, Louise Moret, Warda Rammach, Alex Lobo ou Judith Gaillard Hwang, Mik Talib, Mehdi Zekhnini
Du 18 mars au 21 mars 2025
A la Balsamine
Du 22 mars au 24 mars 2025
A l’Espace Senghor
Le 26 mars 2025
Au Centre culturel d’Uccle
Gottfried Wilhelm Leibniz, philosophe, nous disait « le désordre dans une partie peut se concilier avec l’harmonie du tout ». Le sbeul, collectif de jeunes artistes engagés, nous l’affirme « foutons le bordel ensemble pour mieux se comprendre et construire la paix de demain ». Avec As salem aleykoum, on découvre leurs expériences et leurs aspirations pour plus d’inclusivité et de tolérance, face au racisme et ses relents nauséabonds. Avec des passages bouleversants de vérité et de rage.
Où sont nos repères ?
Porté par 2 cultures, j’ai le cul sur une frontière,
j’appartiens à l’identité de l’entre-deux
qui n’a pas de patrie.
Alors aujourd’hui, je me lève pour te parler.
Et je ne le fais pas seul.
Durant les premières minutes du spectacle, le doute domine. Que va-t-il se passer ? Du théâtre ou une table ronde ? Que vont-ils faire ? Le public jeune laisse échapper des rires gênés devant des protagonistes dressés sur le devant de la scène, tout sourire et bien décidés à nous bousculer. Malgré des débuts un peu poussifs, après les présentations d’usages, le sbeul se révèle et nous emporte.
Devant un décor de fortune, constitué d’une dizaine de drapeaux différents accrochés à un but, les artistes enchaînent les scènes, du théâtre classique de Corneille aux tirades plus personnelles sur leur vécu, sans manquer de faire participer activement le public. Le personnage de Médée prend tour à tour l’apparence d’une jeune femme en training à celle d’une supportrice de l’équipe nationale marocaine. L’une nous jouera quelques vers, face à un Jason empli de dédain, et l’autre nous offrira un rap magistral sur la déception amoureuse.
Un tumulte étonnant mais nécessaire
À mesure que la pièce se déroule, les artistes se dévoilent, sans fards. On découvre leurs blessures profondes et cette colère qui ne semble pas les quitter. Dans une société qui ne parvient pas à tout conjuguer, la colère est « inévitable ». « Inévitable » à l’image de ces applaudissements qui résonnent de plus en plus fort, comme dans un stade de foot, à mesure que les artistes appellent à plus de tolérance, plus d’inclusion et plus d’ouverture aux autres. « Inévitable », comme cette jeune femme du public qui a levé la main et s’est retrouvée sur scène pour nous raconter, en pleurs, sa souffrance du racisme.
Ainsi, ce qui nous a semblé désordonné au premier abord était en fait la contribution parfaite à l’harmonie tant espérée.
Une lueur d’espoir pour l’avenir
Avec leurs coups de pieds dans le décor et leurs allées et venues dans le public, le sbeul a fait de la place pour la vérité et nous a donné de l’espoir. Aujourd’hui, alors que les idées d’extrême droite sont de plus en plus banalisées, As salem aleykoum rappelle le besoin de se rassembler et d’unir nos esprits pour ne pas sombrer dans la fatalité. Oui, un avenir commun meilleur est possible, si chacune et chacun choisit le dialogue et fait ce pas vers l’autre.
« Accoutumée à fuir, l’exil m’est peu de chose ; Sa rigueur n’a pour moi de nouveau que sa cause. C’est pour vous que j’ai fui, c’est vous qui me chassez » (Médée de Pierre Corneille, Acte III, scène 3, vers 773-775).
Pour comprendre l’autre, il faut écouter son histoire. Alors, foncez écouter les histoires d’As salem aleykoum et laissez-vous embarquer dans la bienfaisance du sbeul.