More

    Arno: Rock’n’Roll Godverdomme, itinéraire d’un brise-larmes

    Lorsque le cinéma s’invite à la table des monstres sacrés, l’exercice peut être périlleux : du biopic au portrait, l’hommage aux grands artistes nécessite de faire des choix. Dans Rock’n’Roll Godverdomme, Kristof Michiels, réalisateur, scénariste et DJ flamand, fait un choix de forme net, assumé mais sans prise de risques.

    En effet, le film est un montage, une accumulation de citations phares ou méconnues, chinées dans des archives, de phrases lancées en bord de scène entre deux chansons mais surtout, beaucoup, beaucoup de musique. Qualifié par le réalisateur de film expérience, le long métrage flirte entre le portrait, le documentaire et la vidéo expérimentale.

    Ce portrait en kaléidoscope s’affranchit de la chronologie linéaire en présentant Arno à travers des âges, des styles et des contextes variés. Ainsi, nous suivons le jeune Arnold Hintjens – qui se fait déjà surnommer Arno – accompagné par les membres du groupe flamand TC Matic qu’ils forment alors. Le groupe a une identité fraîche, juvénile et explosive, mélangeant les styles de New wave, blues, funk et hard rock. Si leurs productions musicales s’inscrivent dans la continuité du style des années 70-80 (sans grande originalité malgré l’énergie qui transpire de leurs performances scéniques) le film de Kristof Michiels révèle, dans le choix des extraits d’interviews, certains traits majeurs de la personnalité d’Arno dont celui-ci ne se départira jamais. Dans une poésie instantanée et foudroyante, le jeune artiste, bègue dès qu’il ne chante pas, se joue des journalistes, laissant transparaitre sa sensibilité et sa fragilité dans des formulations empreintes d’un surréalisme bien de chez nous…

    Ni le rire ni les larmes ne se contiennent : Kristof Michiels maîtrise l’équilibre des émotions en alternant avec justesse les scènes ultradynamiques et transpirantes des concerts, les éclats de rire irrépressibles que l’on partage avec Arno, éternel pitre écorché, puis les séquences qui nous plongent dans une inévitable mélancolie aux airs de mer du Nord en hiver.

    Rock’n’Roll Godverdomme n’a rien de véritablement audacieux. L’absence d’images originales, donc de fraîcheur, aura sans doute du mal à séduire un public sans intérêt suffisant ou établi envers le chanteur. Il ne s’agit pas un chef d’œuvre et là n’est d’ailleurs pas la prétention du film. Néanmoins, ce long métrage est un hommage sans prétention, vigoureux et discret, qui redonne à Arno sa plus belle place, le centre de la scène. Un (r)appel à la révolte, à l’humilité, à la poésie, mais surtout, au Rock’n’Roll !

    Derniers Articles

    Arno: Rock’n’Roll GodverdommeRéalisateur : Kristof MichielsGenre : Documentaire Nationalité : BelgiqueDate de sortie : 18 septembre 2024 Lorsque le cinéma s’invite à la table des monstres sacrés, l’exercice peut être périlleux : du biopic au portrait, l’hommage aux grands artistes nécessite de faire des choix....Arno: Rock’n’Roll Godverdomme, itinéraire d’un brise-larmes