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    Arctique : un huis clos glaçant au Théâtre National

    Direction artistique, conception, écriture et mise en scène d’Anne-Cécile Vandalem, avec Frédéric Dailly, Guy Dermul, Eric Drabs, Véronique Dumont, Philippe Grand’Henry, Epona Guillaume, Zoé Kovacs, Gianni Manente, Jean-Benoit Ugeux, Mélanie Zucconi. Du 23 janvier au 3 février 2018 à 20h30 au Théâtre National.

    Après le succès de Tristesses, un magnifique polar qui se déroule dans un Danemark fantasmagorique, Anne-Cécile Vandalem et sa compagnie Das Fräulein continuent la route vers le Nord en nous amenant, cette fois-ci, au Groenland. Arctique est un thriller qui aborde la question du réchauffement climatique et de ses enjeux économiques et politiques, et la deuxième pièce d’une possible trilogie dédiée à l’échec de la politique, de l’écologie et de la science.

    On est en 2025 et en Europe la guerre pousse la population à migrer vers le Grand Nord. A cause du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, le passage Nord-Ouest est désormais accessible toute l’année et le sol groenlandais est devenu la source des dernières richesses naturelles mondiales et de nombreuses sociétés participent à cette dangereuse course au Nord. Dans ce scénario qui fait froid au dos, l’Arctic Serenity, un ancien navire de croisière, est en train de traverser l’océan Arctique tracté jusqu’au Groenland pour être transformé en hôtel de luxe. A son bord, dans un décor glacial et étonnant, se déroule l’aventure de quelques passagers singuliers, embarqués clandestinement pour rejoindre le Nord. L’ancien commandant du navire, l’ex-première ministre du Groenland, un journaliste, une activiste écologiste, la veuve d’un représentant d’une société d’exploitation, le Capitaine et une adolescente, se retrouvent à vivre, tous ensemble, une traversée atroce, perdus dans les mers internationales.

    Tout se passe dans le navire. L’espace scénique est entièrement investi pour restituer sur scène la salle de réception de l’Arctic Serenity , un lieu emblématique et froid. La scène de la grande salle du Théâtre National accueille une scénographie qui est un véritable intérieur de bateau: le plateau recouvert de moquette, des fauteuils et des tables poussiéreux, des marches, un coin pour le jazz-band. A droite et à gauche, deux portes permettent de quitter ce lieu, l’une pour sortir sur le pont, l’autre pour rentrer dans le ventre du navire. Au-dessus de la scène, un écran permet de suivre en direct ce qui se passe au-delà de ces deux portes : les caméras interviennent là où l’œil du spectateur ne peut pas accéder et, au travers de gros plans, d’ellipses et de montages parallèles, elles sont utilisées comme véritable outil narratif. Déjà présent dans Tristesses (où il était, peut-être, dramaturgiquement plus intéressant), ce dispositif cinématographique semble être l’un des fils rouges des dernières créations d’Anne-Cécile Vandalem.

    Arctique nous présente ainsi un futur inquiétant (mais en même temps assez réaliste), à l’aide d’une scénographie impressionnante et d’un dispositif qui nous permet de plonger dans les détails de l’histoire. Le jeu d’acteur bien maitrisé donne vie à des personnages effrayants et drôles en même temps, à cause de leur égoïsme et de leur individualisme. Quand on voit sur scène des personnages si déshumanisés, ils semblent faire partie d’un cauchemar burlesque, mais… est-ce que le 2025 mis en scène dans Arctique est vraiment si différent de la réalité de nos jours ? A réfléchir.

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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