Dans le monde musical d’aujourd’hui, il faut lutter de façon beaucoup plus énergique qu’auparavant pour se faire un nom et réussir sur le long terme. Les produits commerciaux comme les boys bands (style One Direction) ou les vainqueurs d’émissions comme la Nouvelle Star ou The Voice polluent le paysage musical d’une purée fade et sans âme qu’il appellent musique. Bien souvent, ces gens ne composent pas et n’écrivent pas leurs textes et cela se sent.
Prenez l’exemple de Jean-Philippe Smet et ces quelques paroles qui donnent la nausée :
« Ce que je sais, c’est que je suis là
Ce que j’en sais, c’est que j’en suis là
Je crois ce que j’ai vu je sais ce que je dois savoir
Et c’est la seule rue qui mène quelque part
Ce que j’étais, c’était avant toi
Je sais où j’étais, j’y étais sans toi
Et viva Zapatta qu’on criait sur les toits
Comme à chaque fois, chaque fois qu’on y croit »
Bref, voilà un exemple parmi tant d’autres de ce que donne un manque d’investissement de la part d’un artiste. Celui qui n’a pas de personnalité, que tout le monde achètera parce qu’il a un nom et que les médias martèleront tous les jours. Aujourd’hui, pour réussir, il suffit d’une bonne visibilité, d’un coup de pub, bref de marketing. Mais est-ce bien ce que nous voulons ? Est-ce devenu « ça » la musique à nos yeux ? N’avons-nous pas d’autre dessein que de faire les moutons et écouter ce que la radio dite « énergique » ou « amusante » nous impose ? Il fut un temps où ces radios nous proposaient autre chose. Il fut un temps où elles nous faisait découvrir des talents, de la vraie musique composée par des artistes maîtrisant leur instrument et sachant ce que galérer voulait dire.
Aujourd’hui, où sont ces artistes ? Et bien, une fois de plus, le label At(h)ome nous propose un vrai bijou pour ceux et celles qui aiment la Musique et en particulier le Metal : Dévisager Dieu, le nouvel album de AqME.
Fondé à la fin des années 90, AqME est apparu alors que la scène metal française explosait avec des groupes comme Pleymo, No One Is Innocent ou encore Lofofora qui sont restés des références dans l’inconscient collectif en matière de Metal en France.
AqME a connu l’évolution progressive et inéluctable de la scène rock en France et en Europe. Les temps sont devenus difficiles pour tout qui souhaiterait se lancer aujourd’hui.
Toutefois, le groupe n’a jamais lâché prise et a tracé sa route, enchaînant les albums et les tournées année après année.
Leur style évoluant au fur et à mesure que le groupe gagnait de la maturité, AqME avait réussi là ou d’autres avaient baissé les bras.
Mais en 2012, alors que le sixième album Epithète, Dominion, Epitaphe venait de sortir et que la tournée devait commencer, Thomas Thirrion, chanteur du groupe depuis sa création décide de quitter l’aventure et AqME se retrouve alors dans une situation totalement inattendue et doit trouver un remplaçant de toute urgence pour défendre son nouvel album sur scène.
Vincent Peignart-Mancini sera désormais la nouvelle voix du quatuor et aura la lourde tâche de reprendre le flambeau.
Car AqME, ce n’est pas que de l’énergie (tant vocale que musicale).
C’est aussi des textes au contenu extrêmement fort et qui interpelle au plus profond de nous. Cela aussi avait fait le succès du groupe: cette faculté à retranscrire une atmosphère, un sentiment, un vécu que chacun de nous peut avoir connu un jour ou l’autre de notre vie.
Comme il nous le décrit dans l’interview qu’il nous a consacré, tout ne fut pas rose à son arrivée au sein du groupe. Il fallut du temps et prouver aux fans qu’il était tout à fait capable d’assumer son nouveau rôle tant sur scène qu’en studio. (cliquez ici pour retrouver cet entretien avec Vincent)
Et ce nouvel opus, Dévisager Dieu, est la preuve que AqME a fait le bon choix. On y retrouve toute la hargne, la colère et l’énergie dont raffolent les fans. Des compositions qui surprennent très agréablement tellement l’alchimie au sein des musiciens est perceptible.
Les parties de guitares de Julien Hekking, le jeu de batterie toujours plus pertinent d’Etienne Sarthou et le groove de Charlotte Poiget forment toujours le combo gagnant et le groupe semble avoir davantage gagné en maturité sur ce disque.
Dévisager Dieu est un album au sens profond et aux textes percutants. Vincent y parle beaucoup de dualité sous diverses formes. La dualité entre deux frères dans Avant le jour, la dualité des mots aussi dans le choix des titres comme Entre louanges et regrets ou encore Pour le meilleur, le pire.
Il nous pousse vers une sorte d’introspection dans Ce que nous sommes ou Enfants de Dieu. Un regard, une vision des choses différente qui nous pousse à réfléchir et prendre du recul sur nos vies et le sens de celles-ci.
Pas de doute, ce nouvel album est, au-delà de la réussite d’un pari fou (celui de réussir avec un nouveau chanteur), la plus belle preuve d’amour que le groupe pouvait faire à son public en offrant non pas un album de plus, mais un vrai travail de compositions (qui dura plus de deux ans et dont le résultat est perceptible dès les premières notes), une fraîcheur et une sincérité dont peu de groupes de plus de dix ans d’existence peuvent se vanter à l’heure actuelle.
Mais surtout, une qualité que l’on ne pensait sans doute pas obtenir de la part de Vincent Peignart-Mancini qui nous gratifie d’un chant, certes, de très bonne facture, mais aussi de textes extrêmement touchants qui frappent là où il faut.
Tous ces facteurs font de Dévisager Dieu le meilleur album d’AqME.
Voici le clip d’ Avant le jour, premier extrait de l’album réalisé par Franck Védrines qui avait notamment travaillé sur certains clips de Pleymo (comme le monde est petit) :