Titre : Apprendre à regarder la photographie
Autrices : Laurent Jullier
Éditions : Flammarion
Date de parution : 04 septembre 2024
Genre : Livre de photographie
Apprendre à regarder la photographie. N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal à vouloir poser des mots sur notre rapport à l’image ? De vouloir mettre par écrit ce qui, par définition, lui échappe ? Et pourtant les livres de photographie sont toujours plus nombreux, témoignant de notre curiosité pour cet art mystérieux qui encadre l’espace et fige le temps.
Il y a les anthologies, les catalogues d’expositions passées, les monographies, les éditions limitées… Alors parmi toutes ces propositions, où se situe l’introduction de Laurent Jullier à cette pratique de l’instantané ? C’est simple. Apprendre à regarder la photographie ne s’enorgueillit pas d’être ce qu’il n’est pas. C’est un petit ouvrage qui a pour vocation d’apporter un éclairage à cet art de la lumière, surtout à l’adresse des débutants. Professeur à l’Institut Européen du Cinéma et de l’Audiovisuel à l’Université de Nancy, Laurent Jullier chapitre son étude en sept points qu’il estime être une bonne base de départ pour commencer. Il illustre son propos de clichés, péchés dans les eaux abondantes de la photographie. Mais face aux succès, ses exemples ne sont pas égaux. Certains ont marqué la postérité comme ce fameux portrait pris par Dorothea Lange d’une saisonnière, mère de sept enfants, qui a fui les terres du centre des États-Unis, inexploitables et polluées par le Dust Bowl. Ou encore celui des amoureux qui s’embrassent parmi les passants dans le Paris de Robert Doisneau. Et puis perdus dans ces figures presque messianiques de la profession, on retrouve des inconnus du grand public comme Hyacinth Schukis ou encore Mohau Modisakeng. Laurent Jullier tient à présenter les must-known de la photographie, mais sans les mettre sur un piédestal. En fait, dans son choix d’exemples, il dresse un portrait éclectique du médium sans s’attacher à une vision occidentale et élitiste.
Il réfléchit l’image photographique en sa qualité d’empreinte, tout en rappelant le danger de la prendre pour une vérité absolue. L’image qui est prise par l’appareil est toujours le condensé du point de vue du photographe, limité dans l’espace et ignorant que le temps rend chaque chose mouvante. Mais la photographie, plus que ça, est aussi sujette aux truchements. Découpage de négatifs, pellicules infrarouges ou encore logiciels de retouche ont été des terrains de jeux pour les faiseurs d’images. La photographie peut induire en erreur. Elle sait se montrer incertaine, voire même imprécise. Elle joue avec la distance, qui peut également être maquillée à l’aide d’une focale particulière ou d’un zoom puissant. Quel que soit le sujet, Laurent Jullier l’aborde de manière légère mais précise, en ne se refusant pas l’anecdote. Apprendre à regarder la photographie est une bonne synthèse, claire et agréable à lire qui répondra certainement aux attentes des curieux ou à celles des photographes amateurs qui cherchent à nourrir leur pratique.