Titre : Appelez-moi Camille
Autrice : Sylvie Grignon
Editions : Souffles littéraires
Date de parution : 27 octobre 2020
Genre : roman
Camille Doussey, 94 ans, survit dans une maison de repos où elle a prévu de finir ses jours. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle déprime de sentir ses souvenirs lui échapper : les visages ne lui sont plus familiers et elle souffre de voir la déception dans les regards de ceux qui la visitent. Un jour, son petit-fils lui apporte une caisse contenant tous les carnets dans lesquels elle a conservé ses souvenirs les plus précieux, bons comme mauvais. Avec plaisir et appréhension, Camille se replonge alors dans les fragments de sa vie, tantôt joyeux et poétiques, tantôt sombres et douloureux. Ces histoires font revivre au fond d’elle toutes les personnes qu’elle a côtoyées et aimées, et dévoilent progressivement au lecteur les éléments les plus secrets de son intimité.
Appelez-moi Camille retrace un scénario somptueux, rappelant à chacun que nos aînés ont eux aussi eu droit à des dizaines d’années d’expériences, de rencontres, d’amours déçues ou appréciées, de rires, de déceptions, de douleur, de joie. À travers ses souvenirs, Camille nous partage sans barrière, jugement ou morale, les bris de son passé qu’elle se remémore, en ce y compris les leçons qu’elle a pu tirer de ses expériences. Les chroniques lues par le personnage apparaissent toutefois de manière non chronologique et peuvent désarçonner le lecteur occasionnel, qui devra redoubler d’attention pour retracer avec cohérence l’historique de l’héroïne.
Au fil des récits, le lecteur apprend à découvrir les différentes facettes de Camille, une femme à laquelle lecteur peut avoir du mal à s’attacher et au caractère plein d’ambiguïtés, parfois présentant quelques discordances entre ses valeurs, paroles et actes. En particulier, la vision de l’Amour et des relations amoureuses semble dénoter avec les nombreuses expériences sexuelles racontées sans tabou par le personnage à son carnet, et racontées en retour par le carnet à sa dame. Ces quelques difficultés n’empêchent cependant pas d’apprécier la lecture du roman, dont la fin est des plus inattendues. Le retournement de situation final semble quant à lui tiré d’une autre histoire, d’un autre livre, et aurait pu être davantage exploité et mis en liaison avec la vie tumultueuse de Camille.
Appelez-moi Camille est donc un livre déconcertant, plein de bonnes choses, captivant par moments, mais qui laisse au lecteur un goût amer de déception et d’incompréhension, qu’il est préférable d’éviter en fin de lecture.