Knit’s Island
de Guilhem Causse, Ekiem Barbier et Quentin L’Helgoualc’h
Animation
Présenté dans le cadre du Festival Anima 2024
Le cinéma d’animation ne s’est jamais aussi bien porté, semble nous dire Anima. La preuve en est. En plus de devoir investir le Marni pour s’assurer la capacité de recevoir un public toujours plus nombreux, le festival a dû faire un choix parmi plus d’une centaine de longs-métrages proposés. Ce qu’il s’explique notamment par les progrès techniques qui suscitent l’intérêt, en repoussant les frontières de l’animation. D’ailleurs si cette année Anima a choisi le thème de la science-fiction, c’est aussi pour promouvoir des films qui ne craignent pas l’insoumission. Pour explorer des mondes où tout reste encore à bâtir. Pour abattre les murs qui séparent les disciplines. Et quand il s’agit de décloisonner, on peut compter sur Knit’s Island. Film d’animation documentaire, entièrement tourné dans un jeu vidéo, ce petit trésor d’inventivité cumule.
Que personne ne s’en étonne ! Lundi soir, le foyer du Marni réquisitionné pour le festival Anima, était complètement envahi par les écrans. Et à quelques mètres du rendez-vous mensuel de gamers qui s’y tenait, un public déconcerté était précipité dans l’univers particulier d’un jeu vidéo survivaliste. Pendant près de trois ans, Guilhem Causse, Ekiem Barbier et Quentin L’Helgoualc’h ont arpenté les presque 250 km² du jeu Day Z à la recherche de ses occupants. Ces joueurs s’appellent Slug, Maccro, Rev’… Ce ne sont pas leurs prénoms IRL, In Real Life. Mais qu’importe. Avec seulement une bonne connexion internet, un kinésithérapeute peut devenir l’officieur du culte des Dagoths. Une mère peut devenir une redoutable tueuse, passant des couches à l’AK47. Leurs paroles nous ouvrent les portes d’un monde hermétique pour les non-initiés et où, pourtant, l’esprit de collectivité témoigne de l’assiduité des joueurs. Pendant que certains n’ont même jamais entendu parler du jeu, d’autres s’y échappent dès qu’ils le peuvent. Et pour ceux qui n’y adhèrent pas, la violence, la marginalisation et la fraternité sont autant de choses qui peuvent être déstabilisantes. Déroutantes mais fascinantes. Knit’s Island est un film qui a eu raison d’oser.