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    Anima 2024 : « Deep Sea », le paquebot Flagey lève les amarres

    Deep Sea
    de Shēn Hai
    Animation
    Présenté dans le cadre du Festival Anima 2024

    Ce dimanche soir, la météo du festival était océanique. La fosse du célèbre studio 4 s’était gorgée d’eau jusqu’aux balcons. Sur les visages ébahis d’une salle comble, dansait le reflet des vagues. Normal. Dimanche soir marquait la première projection, au festival Anima, du long-métrage en compétition Deep Sea.

    À défaut de se sentir aimée par ses parents, Shenxiu se réjouit au moins de fêter son dixième anniversaire dans le charme clinquant des croisières all-in. Elle, qui trouve un certain réconfort dans le mouvement de la houle, synonyme d’espoir. D’ailleurs, une légende veut qu’en offrant un objet à la mer, elle vous remercie par un vœu. Mais les vagues sont gourmandes. Et quand une tempête secoue le navire, c’est Shenxiu toute entière qui finit emportée par les flots. Pour finalement, se réveiller dans le calme menaçant qui suit une catastrophe, son corps flottant à la surface d’une eau sans mouvements. Mais la gamine n’a pas peur. Elle sent qu’il est l’heure pour elle de voir son souhait le plus cher exaucé ; retrouver sa mère. Poursuivant son instinct, et surtout une créature bullesque trouée d’orbites oculaires, elle atterrit sur les marches d’un drôle de navire. Le restaurant des abysses, superposition instable d’étages, transpercent les eaux diaphanes, creusant un sillon de lumière. Dirigé par une sorte de joker sous amphétamines, l’estaminet propose un menu atypique à une clientèle uniquement composée d’animaux marins. Shenxiu se retrouve alors plongée au cœur d’un monde fabuleux, où l’imagination n’a de limites que celles de l’océan.

    Comme le présage sa bande-annonce, l’un des grands atouts du film est son image. Dans le domaine de l’animation, les productions japonaises inondent le marché. Mais avec cette pépite technique, son voisin la Chine montre qu’il n’est pas en reste. Deep Sea explore les possibilités de la 3D, avec un savoir-faire qui surpasse celui des plus grands studios. Le rendu peut être tantôt emprunt de réalisme, tantôt fantasmagorique, avec un petit air de Van Gogh. Des halos fluorescents de rose et de jaune dynamitent les dégradés de bleu. Deep Sea abuse des contrastes, frôlant le kitsch. Le tout pour notre plus grande admiration. La biocénose océanique prend vie sur nos écrans comme jamais auparavant. Malheureusement, on peine à profiter du détail de ses récifs coralliens, des couches ondulantes de son trou noir ou encore du fantôme rouge tressé de filaments qui étouffent les enfants quand ils pleurent, tant le film va vite. Des plans longs d’à peine quelques secondes s’enchaînent dans un rythme effréné. C’est un défi pour nos yeux qui parcourent furieusement l’écran dans l’espoir de capter la beauté de l’image dans le temps qui leur est imparti. Gare à l’épilepsie.  Heureusement, le film se rattrape avec un final d’apothéose, et pour notre soulagement, mieux cadencé. Une séance de Deep Sea est encore prévue ce vendredi 1er mars à 21h45. À ne pas manquer.

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