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    Angry Video Game Nerd : the Movie

    angry video game nerd the movie

    Angry Video Game Nerd : the Movie

    de James Rolfe et Kevin Finn

    Comédie

    avec James Rolfe, Jeremy Suarez, Sarah Glendening et Stephen Mendel

    Avant de parler du film Angry Video Game Nerd, je dois parler du personnage lui-même. Et retracer l’histoire de l’AVGN, c’est un peu comme retracer l’histoire de la vidéo sur internet. Je vais ainsi vous expliquer ce qui a inspiré le célèbre « Joueur du Grenier ».

    Tout commence le 7 mai 2004, quand James Rolfe, un étudiant en audiovisuel, fait une vidéo pour critiquer de manière virulente un vieux jeu vidéo : « Castelvania 2 – Simon Quest » sur la console NES de notre enfance. Il créé un personnage, à l’époque appelé le Angry Nintendo Nerd, qui ne tient pas sa langue pour dire tout le mal qu’il pense de ce jeu. Il enchaîne deux autres vidéos qui attaquent, cette fois, les jeux « Dr. Jekyll and Mr Hyde » et « Teenage Mutant Ninja Turtles ».

    Satisfait de lui-même, il met ces vidéos sur un DVD et les appellent « la trilogie Angry Nintendo Nerd ». À ce moment-là, seuls ses amis ont le plaisir de les voir. Mais en 2005, apparaît quelque chose d’inattendu : Youtube. Un support qui permet de partager ses vidéos en faible qualité avec les internautes du monde entier ! Un de ses amis, Mike Matei, lui en parle et lui propose de partager ses quelques vidéos.

    Et le phénomène commence là. Très vite, il a fait le buzz. Il n’était pas le premier à faire ce genre de vidéos, mais ses insultes colorées et son générique inoubliable ont fait le tour du monde. Il accumule les millions de vues et faire des sketchs qui critiquent de vieux jeux vidéos devient son métier. Il est imité, copié, son générique est repris sous toutes les formes de musiques possibles et il devient l’une des célébrités internet les plus connues au monde.

    Bien des années plus tard, le 23 septembre 2010 pour être exact, il sort une vidéo pour expliquer sa nouvelle ambition : faire un film complet sur le Angry Video Game Nerd. Il a écrit un scénario avec son ami Kevin Finn et ils comptent bien le réaliser. Comme ils veulent être totalement maîtres de ce projet, ils décident de financer ce film par un « crowdfunding », un financement participatif. Ce sont donc les fans eux-mêmes qui ont payés pour la production.

    Ils demandent 75 000 $ et… récoltent plus de 325 000 $ ! Aujourd’hui, alors que le crowdfunding devient courant, ça ne paraît pas être une si grosse somme, mais il y a quelques années c’était considéré comme un succès phénoménal.

    La production commence, mais en passant par les réseaux classiques du cinéma américain, même en étant indépendamment financé, ça prend du temps. Beaucoup de temps. Mais pendant que James Rolfe s’acharne pour faire son film, l’idée se répand sur le net. De nombreux autres « reviewers », « youtubers » ou simples réalisateurs du web décident eux-mêmes de faire leurs films. Et pendant les années de production de « AVGN : the Movie » d’autres films à plus faible budgets sortent de partout : Kickassia, Suburban Knights, To Boldly Flee, Cinema Snob : the Movie, Hardcorner : le film pour ne citer qu’eux.

    Le tournage de James Rolfe se déroule en Californie avec les difficultés habituelles de toute production. Il met l’accent sur les effets spéciaux classiques, ce qui complique encore un peu les choses. Par la suite, James devient père, ce qui alourdit encore sa tâche. Quatre ans plus tard, après avoir fait participer des techniciens du monde entier, « Angry Video Game Nerd : the Movie » sort enfin.

    La première a lieu à Los Angeles, au « Egyptian Theatre », célèbre pour avoir accueilli le tout premier film Hollywoodien en 1922. Des projections ont lieu partout aux États-Unis, mais en nombre restreint, bien entendu. Le succès est rencontré en salle, car il ne fait aucun doute que c’est un film fait pour les fans et qu’une ambiance de « déconnade » que l’on ne peut rencontrer que lors de certains projections américains (et au BIFFF à Bruxelles) avantage le film. Ce 3 septembre 2014, James Rolfe publie enfin son bébé sur internet… à condition de payer 5 $ pour la location.

    Sur quatre ans, les attentes autour de ce film n’ont fait que monter, surtout qu’il est maintenant comparé avec tous les films qu’il a inspiré. Il est temps de répondre à la question : est-il à la hauteur ?

    Oui et non. Mais plutôt oui.

    L’histoire est la suivante : Le Nerd (c’est le nom du personnage, un nerd est plus ou moins un geek) est la star internet que l’on connait. Mais depuis ses débuts, il y a un jeu qu’il refuse de tester : « E.T. the Extra-Terrestrial », tiré du film du même nom, sur l’Atari 2600. Ce jeu est une véritable légende urbaine (en vrai pas que dans le film), car il serait responsable de l’effondrement financier des grands noms du jeu vidéo en 1983. La légende veut que, pour se débarrasser des jeux invendus, Atari aurait enterré toutes les cartouches dans le désert du Nouveau Mexique. Le plus amusant, c’est que pendant la longue production du film AVGN, les jeux ont vraiment été déterrés et on a donc prouvé que ce n’était pas juste un mythe !

    En attendant, dans le film, le Nerd va creuser aussi dans le désert pour prouver qu’ils n’y a aucuns jeux là-bas. Il va ensuite se retrouver mêlé à des complots du gouvernement qui essaye, de son côté, de cacher un véritable extra-terrestre. La suite est plutôt burlesque et, par moment, un peu chaotique. On remarquera aussi que pour éviter des problèmes de droits, le jeu est appelé Eetee, et non E.T.

    À la sortie du film, un certain nombre de fans l’ont très fortement critiqué. Il est vrai qu’il est loin d’être parfait. Le rythme est discutable, le jeu d’acteur est correct mais sans plus, les dialogues ne sont pas tous drôles et les effets spéciaux ne font pas plaisir à tout le monde. En tant que fan de vieux films d’horreur, James Rolfe a essayé d’utiliser un maximum de maquettes et de « practical effects ». Le résultat n’est pas ce que l’on attend en cette ère d’images de synthèses et a perturbé plus d’une personne. Pourtant, le côté kitch est voulu et totalement assumé par James. Je reconnais cependant que certains « fonds verts » ne donnent pas bien et semblent inutiles pour des situations courantes. Mais les nombreux effets dans le dernier tiers du film sont tout simplement drôles. Volontairement drôles.

    Je pense que la majorité des critiques sont injustes. C’est le résultat des attentes qui n’ont fait que monter depuis l’annonce de 2010. Malgré ses défauts, « Angry Video Game Nerd : the Movie » est un projet de passionnés d’une qualité tout à fait comparable aux autres productions indépendantes américaines. James Rolfe est entre-autre ami avec Lloyd Kaufman, l’un des pionniers du cinéma indépendant. Celui-ci fait d’ailleurs un caméo dans le film.

    Ce film doit principalement être vu par les fans. Il faut noter, d’ailleurs, qu’il n’est disponible qu’en anglais sans sous-titres. Il est possible que des personnes totalement étrangères aux vidéos d’origine du Angry Video Game Nerd puissent apprécier l’humour de ce film et son univers inspiré par les jeux vidéos, mais il y a énormément de clins d’oeil que seuls les vrais fans comprendront. Il faut maintenant que James apprenne de ses erreurs, car le film en comprend un certain nombre, et fasse encore mieux la prochaine fois.

    Gilles Binot
    Gilles Binot
    Journaliste du Suricate Magazine

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