Angle mort
de Nabil Ben Yadir
Thriller
Avec Peter Van den Begin, Soufiane Chilah, Ruth Becquart, David Murgia, Jan Decleir
Sorti le 25 janvier 2017
Pour son troisième long métrage, après avoir réalisé une comédie bruxelloise (Les Barons) et une coproduction avec la France (La Marche), Nabil Ben Yadir livre un véritable film flamand, en néerlandais, et s’inscrivant dans la lignée de ce qu’est aujourd’hui le cinéma flamand populaire, dans une veine de thriller esthétisant.
Angle mort – Dode Hoek en VO – relate quelques heures de la vie de Jan Verbeeck, super-flic anversois réputé pour ses méthodes directes et bénéficiant d’une grande popularité, qui vient d’annoncer qu’il quittait la police pour rejoindre un parti d’extrême droite, juste avant les élections. Mais alors que sa dernière mission en tant que flic le mène à Charleroi, dans un labo clandestin, où il est censé faire un dernier gros coup de filet, les choses dégénèrent, plongeant Verbeeck dans une situation délicate qui ne fait que s’envenimer au fil des heures.
Alors que la communication autour du film – principalement à travers la capsule Cinévox, en avant-programme dans les cinémas – laissait penser que celui-ci allait traiter majoritairement du rapport ambigu qu’entretient le personnage principal avec l’extrême droite, le résultat s’apparente plus à un polar d’action misant plus sur une efficacité basique que sur un quelconque message politique ou critique sur la société belge actuelle.
Si le film amorce tout de même ces quelques pistes sociétales – notamment lors d’un final expéditif assez pervers – il vaut surtout par son intrigue policière et ses influences ostentatoirement américaines. Si la figure du flic ripou aux prises avec les conséquences de ses actes est devenu une tarte à la crème du genre, force est de constater que la recette fonctionne toujours, même resservie des centaines de fois. La mise en scène « rentre-dedans » de Ben Yadir, si elle ne brille pas forcément par sa subtilité, s’accorde pour sa part assez bien avec le fond.
Angle mort n’échappe pas à une perte de vitesse à mi-parcours, un petit ventre mou dans le scénario et dans la quête de Jan Verbeeck, perdu un long moment dans les squats de Charleroi face à des truands à l’accent pittoresque. Mais la reprise et les retournements de situations – parfois légèrement tirés par les cheveux – fonctionnent plutôt bien, ainsi que l’ensemble du casting, mené par un Peter Van den Begin manifestement très investi.