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    « Amoureux, lettres d’amour retrouvées », à lire pour vivifier sa Saint-Valentin !

    Titre : Amoureux, lettres d’amour retrouvées
    Auteurs et autrices multiples (présenté par Véronique Leroux-Hugon)
    Editions : Mauconduit
    Date de parution : 21 janvier 2022
    Genre : lettres d’amour, autobiographique

    Vous souhaitez comprendre comment d’autres personnes vivent leurs histoires d’amour ? Ce que les amoureux ont à se dire ? Et est-ce que cela a changé à travers les époques ? Alors la lecture des lettres d’amour réunies et présentées par Véronique Leroux-Hugon dans ce recueil est faite pour vous. Ces lettres constituent une sélection de celles reçues par l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique.  Il y a quelque chose de subtilement transgressif à pouvoir lire une correspondance intime entre deux êtres qui s’aiment sans y avoir été invités par leurs auteurs. C’est cette expérience que l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique nous autorise à vivre.

    Cette association existe pour permettre le recueil de textes autobiographiques sous toutes leurs formes : récits de vie, journaux intimes, lettres, etc… Comme un garde-mémoire de l’esprit intime des Français, par eux-mêmes ou leurs survivants touchés par la beauté de leurs écrits. A travers la collection Vivre/Ecrire, des chercheurs se plongent dans cette manne pour compiler des recueils de texte sur des thématiques spécifiques telles que l’amour (ici) mais encore l’exil, l’adolescence, le transfuge de classe, les femmes dans la guerre,… Les lettres recueillies ici étaient à priori destinées au seul objet de la flemme de leur auteur. Mais les proches de disparus leur ont donné une seconde vie, publique celle-ci. Certaines de ces lettres sont si justes, si joliment tournées que cet accès tardif à la postérité apparaît grandement mérité.

    Regarder l’intimité des autres par le trou de la serrure…

    Pour la chercheuse Sabine Kraenker, une lettre est « le lieu idéal de l’exaspération du sentiment amoureux et du discours de l’absence et de la souffrance ».  Ce recueil nous donne accès à différentes déclinaisons de l’amour (dont il existe bien des formes) et manière d’être vécu, conjugal ou clandestin, éternel ou furtif, paisible ou passionné, etc… Tout ceci sur fond de changement historique et de mœurs sur près d’un siècle, puisque les premières lettres datent de la Première Guerre mondiale et les dernières nous sont contemporaines (2002).

    Des lettres d’amours, reflets des mœurs et des époques

    C’est souvent l’éloignement et le manque de l’autre qui ont conduit à la rédaction de ces lettres. Il en va ainsi de la correspondance soutenue de George Evrard à son épouse. Médecin de guerre en 1914-1918, très pieux, celui-ci écrit ainsi dans ces carnets à sa femme qu’il appelle ma bonne chérie, chère Demoiselle ou chère petite femme aimée : « Merci de tout cœur (…) de votre nouvelle photographie qui me rappelle si bien votre visage adoré et qui me fait passer plus vite les quelques jours qui me séparent de vous ». Sur la dernière lettre, il signe ainsi : « Ton Georges qui s’est donné à toi tout entier pour toujours ». Quelle tristesse d’apprendre que ce si bel amour ne pourra être pleinement vécu car Georges meurt au front. On est bien loin du sexting et du ghosting ici, dans une sorte de délicieux amour courtois où règne l’intégrité, l’engagement et la constance des sentiments.

    A contrario, le ton des dernières lettres sont plus explicites sur le désir, telle la correspondance de Nathalie Zahnd à son jeune amant de 18 ans son cadet. Empreinte de fièvre, elle lui livre toute l’intensité de ses sentiments et pose des mots très justes sur l’amour qui s’en va et lui échappe : « Je t’imagine, mon homme adoré, ton corps sublime reste à jamais ma maison. Je vais passer ma vie à t’aimer, à te rêver, à t’espérer même si c’est vain. Je t’aime car tu es mon Graal, mon rêve et ma fierté, ma quête, même dans la direction opposée ».

    L’amour, un graal en constante réinvention

    Au final, on ressort de cette lecture en se disant que le sentiment amoureux est d’une infinie richesse, avec à la fois des modes d’expression qui traversent les époques et en quasi-réinvention constante à l’échelle du couple. On regrette de ne pas toujours connaître les réponses apportées à ces délicieuses missives et on se prend à rêver d’être un jour le sujet d’une correspondance si exaltée… A l’approche de la Saint-Valentin, rien de tel que cette lecture pour vivifier son côté romantique !

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