scénario & dessin : Jan Bauer
éditions : Warum
sortie : 08 juin 2016
genre : Roman graphique
Après avoir vécu des épreuves un peu douloureuses, Jan Bauer décide de faire une pause dans sa vie pour se lancer dans un long périple de plus de 400 km à travers les paysages somptueux d’une Australie désertée. Il part avec l’idée de parcourir dans un premier temps quelque 230 km entre Alice Spring et Redbank Gorge, sur une route appelée le Laparinta Trail, relativement pratiquée par des randonneurs et le long de laquelle se trouvent eau et nourriture. Ensuite, il compte rejoindre Yuendumu, à environ 220 km, dans le bush qui offre la solitude complète à défaut d’accorder aux marcheurs le luxe des dispensaires. Et tant qu’à faire, l’auteur-illustrateur allemand embarque avec lui ses pinceaux et ses papiers pour pouvoir tirer profit de cette incroyable aventure. Ce n’est pas seulement un voyage au cœur de la nature que nous propose l’auteur, c’est aussi un véritable parcours introspectif. Jan Bauer n’hésite pas à partager ses faiblesses et ses peurs mais aussi ses sentiments, car très vite le loup solitaire s’entiche d’une jeune française avec qui il fera un bout de chemin.
Amour Austral c’est aussi un défi : celui que représente l’écriture du moi (un défi presque aussi grand que celui de parcourir plusieurs centaines de km seul dans des plaines arides). Quelle stratégie l’auteur peut-il mettre en place pour parler d’un challenge personnel, d’un travail qui ne concerne que lui, tout en captivant les lecteurs ? Jan Bauer, assez passionné par la représentation des paysages, va alors mettre le paquet graphiquement. Et si l’histoire est assez simple finalement – celle d’un homme blessé qui veut apprendre à se connaître en communiant avec la nature et qui rencontre sur son chemin l’amour passionné mais éphémère – c’est vraiment dans ses doubles pages de montagnes rocailleuses et de steppes ensoleillées que Jan Bauer accapare l’attention du lecteur.
Malheureusement Jan Bauer qui se présentait au début comme un baroudeur solitaire à la recherche de l’exploit, semble au fil du récit laisser l’histoire d’amour écraser narrativement la dimension extraordinaire du voyage. Finalement Amour Austral se présente plus comme le résumé de son idylle que comme le récit de ses aventures. Peut-être est-ce aussi parce que l’amour est un conte universel qui intéresse toujours les lecteurs tandis que le challenge d’un homme peut paraître ennuyeux pour celui qui ne s’y reconnaît pas. Quoi qu’il en soit, Jan Bauer va livrer la seconde partie de son aventure et la plus hardie en à peine quelques pages, là où pour le Laparinta Trail il en utilisera 210.
Amour Austral, qui aura l’honneur d’être la première publication de la petite maison d’édition australienne Twelve Panels Press, est une véritable évasion dans la beauté de l’amour mais aussi, analogiquement, dans la beauté d’une région dont les paysages sont exquisément réalisés à l’ordinateur.