American nightmare 3 : Elections
de James DeMonaco
Action, Horreur, Science-fiction
Avec Frank Grillo, Jared Kemp, Joseph Julian Soria, Elizabeth Mitchell, Mykelti Williamson
Sorti le 27 juillet 2016
Dans un futur proche, le gouvernement américain a instauré la Purge, afin de réduire la pauvreté, et de faire baisser le taux de criminalité. Lors d’une nuit, tous les crimes sont autorisés, meurtre inclus. Traumatisée dans sa jeunesse, la sénatrice Charlie Roan, candidate aux présidentielles, est bien décidée à mettre un terme à ce triste événement, une fois élue. C’est sans compter sur la nouvelle règle de la Purge, qui annule l’immunité dont jouissaient les personnalités politiques jusqu’à présent, et fait d’elle une cible de premier ordre.
Le premier American nightmare s’est révélé assez moyen, le film ne parvenant jamais à réellement transcender son intriguant postulat de départ, pour se révéler n’être qu’un home invasion plutôt classique, au discours politique mal exploité. Situé un cran au-dessus, sa première suite, American nightmare : Anarchy faisait preuve de plus d’ambition, délocalisant en partie son intrigue au sein de rues peu sûres. Le long-métrage offrait un regain d’intensité à la série, en se tournant vers une forme d’horreur teintée d’action. Troisième volet de la saga, American nightmare 3 : Elections va encore plus loin dans cette direction, tout en tissant de nombreux liens avec son prédécesseur.
Tout d’abord, la filiation est renforcée par le retour du personnage de Leo Barnes, toujours interprété par Frank Grillo. À cela viennent s’ajouter des thématiques fortement similaires, dont certaines semblent par ailleurs composer l’aboutissement de pistes lancées dans l’opus précédent et finalement abandonnées en cours de route.
Pas de ça ici, l’intrigue est bien plus resserrée. De ce fait, American nightmare 3 apporte un peu moins de nouvelles informations sur la Purge, malgré quelques détails bien pensés. Il semble alors emprunter un chemin légèrement plus balisé, mais gagne toutefois en efficacité.
Paradoxal, le film de James DeMonaco (réalisateur/scénariste sur toute la franchise) n’est jamais aussi convaincant que lorsqu’il exploite pleinement ses aspects de série B musclée, embrassant par là-même la violence qu’il est censé vouloir dénoncer. Avec ses opposants aux styles travaillés et improbables, le long-métrage évoque autant les Warriors de Walter Hill que de nombreux films post-apocalyptiques italiens et s’avère particulièrement prenant, soutenu par une mise en scène plus inspirée que d’accoutumée. Les nombreux affrontements réussis se succèdent, et se mettent au service d’une satyre féroce.
Les « touristes du meurtre », des étrangers venus dans le simple but de prendre part à la Purge, n’hésitent pas à tuer tout un chacun, en revêtant des symboles américains et en ventant la liberté qui règne aux États-Unis. Les populations pauvres sont les victimes désignées du jeu de massacre organisé, et leur vote en faveur d’une politique anti-Purge pourrait, à long terme, être leur seul moyen de survie. Les riches, quant à eux, trouvent dans l’évènement un moyen de prospérer encore plus, voire de laisser libre cours à des penchants peu avouables, tandis que les personnalités politiques peuvent y voir un moyen de gagner les élections.
Pas subtil pour un sou, le sous-texte politique brasse donc large, en mêlant thématiques raciales, religieuses et sociales, mais se révèle néanmoins assez agressif pour marquer. De quoi faire grincer quelques dents, d’autant que le film sort en pleine période électorale dans son pays d’origine. Il n’en faut cependant pas plus pour qu’American nightmare 3 se situe une coudée au-dessus de ses prédécesseurs.
Avec ses épisodes de plus en plus inspirés, la série a donc réussi là où tant d’autres ont échoué, ce qui semble n’augurer que du bon en cas d’éventuelle suite, à la condition de ne pas trop se reposer sur ses acquis. Vivement le 4 !