scénario : Valérie Mangin
dessin : Thierry Démarez
éditions : Casterman
sortie : 8 septembre 2012
genre : Historique
Alix est vieux, Alix est mieux.
Un Alix vieillissant peut-il concurrencer un jeune Alix devenu immortel ?
Alix a vieilli. Loin de sa fougueuse jeunesse, il a maintenant cinquante ans et siège au Sénat. Les choses ont changé : il a un fils et s’occupe aussi de celui du défunt Enak, mort il y a quelques années. Son caractère est aussi fort différent : au lieu de la fougue, de l’aventure et batailles, Alix est bercé par les complots et les tactiques politiques de la Rome Antique. Pas de trace d’une femme et ses enfants, légèrement pourris gâtés, préfèrent les orgies locales aux aventures lointaines. Des personnalités du monde politique vont commencer à être assassinées par des aigles aux griffes d’or, symbole de Jupiter. Le futur empereur Auguste charge Alix d’enquêter sur l’affaire. Ses enfants et leur curiosité juvénile vont aussi se lancer dans l’aventure.
Le culot de Valérie Mangin (auteur et diplômée en latin) et Thierry Démarez (dessinateur et ancien décorateur à la comédie française) est d’avoir fait une première dans la BD franco-belge : vieillir le héros, là où on a tendance à le rajeunir pour relancer la saga (Gaston, Le Petit Spirou, Kid Lucky, La Jeunesse de Blueberry, etc.). Un peu comme les Américains, qui n’ont aucun scrupule de modifier l’âge, la psychologie ou le style de leurs héros cultes.
Le vieillissement d’Alix est très réussi, autant graphiquement que psychologiquement. Graphiquement, Démarez garde le style et la ressemblance du Alix de Jacques Martin tout en modernisant le trait et s’acharnant à le rendre encore plus réaliste. C’est psychologiquement que le héros change : devenu sénateur, vieillissant et père, l’aventure n’est plus son lot quotidien : il profite plus de la vie et ses aventures sont plutôt les tactiques politiques et les complots antiques. La fougue sera assurée par ses deux fistons.
L’histoire en elle-même nous laisse un peu sur notre faim, avec une intrigue somme toute intéressante, mais avec une fin ouverte quelque peu frustrante. Frustrante peut-être aussi parce que le pari est réussi et qu’Alix Senator, en plus d’être une nouveauté dans le paysage du 9ème art, est aussi un ouvrage réussi et qu’on ne veut pas s’arrêter en si bon chemin !