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    Alexandre Koberidze, jeter de nouvelles bases pour le cinéma géorgien

    Avant la projection de son film à Bozar dans le cadre de la cinquième édition du festival Bridges, Alexandre Koberidze a eu la gentillesse de nous parler de celui-ci et du cinéma géorgien en général. Rencontre avec un réalisateur dont le film a été présenté à la Berlinale de 2021 mais qui n’en reste pas moins extrêmement modeste et humble par rapport à son travail.

    Conte de fée ?

    Lorsqu’on parle avec lui de l’image que son film projette auprès de la critique et d’une partie du public, certains le comparant à un conte de fée moderne, le réalisateur veut recadrer les choses en toute modestie. Si lui-même a voulu en parler en ces termes au départ, il ne le fait plus à présent, trouvant l’appellation conte de fée trop prétentieuse pour l’appliquer à son récit. Dès lors, il décrit son film comme un récit dans lequel apparaissent des éléments de magie, le propos du film étant de montrer que ce genre d’événement peut se produire dans la vie de tous les jours.

    Des influences ?

    Comme de nombreux enfants, il a grandi avec des contes de fée de différentes origines, dans son cas, géorgiennes, russes et européennes, ce qui lui a donné une certaine ouverture d’esprit, la lecture de ces récits lui offrant une perspective différente sur le monde environnant. A présent, afin d’élargir encore plus son horizon intellectuel, il lit également de nombreux récits sur les différentes mythologies, chaque nouvelle histoire, nouveau folklore permettant de se faire une idée différente sur le monde qui nous entoure.

    Faire confiance au destin ?

    Si certains pourraient trouver paradoxal à l’heure des réseaux sociaux et des applications de rencontre de faire confiance au destin pour trouver l’âme sœur, ce n’est néanmoins pas l’avis d’Alexandre Koberidze. Selon lui, tout le monde rêve secrètement de faire ce genre de rencontre, très romantique où l’on tombe nez à nez avec la personne qui nous est destinée, même si la probabilité que cela arrive est très faible. A défaut, et comme les applications font déjà partie de notre vie, nous nous en servons également pour que quelque chose de magique se produise, faute de temps et d’opportunités dans la vie réelle.

    Modernité et tradition

    Lorsqu’on lui demande l’impact des croyances et des traditions sur les relations, le réalisateur de What do we see when we look at the sky? nous parle des grandes différences qui existent entre la vie dans les grandes capitales modernes et dans des villes plus modestes et l’impact de la modernité, des réseaux sociaux et des avancées technologiques sur la manière dont nous vivons. Selon lui, cet écart entre villes et campagnes est encore plus important en Géorgie, où la vie en dehors des grands centres urbains, et principalement à la montagne n’est en rien comparable avec ce que l’on trouve ailleurs.

    L’industrie du cinéma en Géorgie

     Selon Alexandre Koberidze, l’industrie du cinéma en Géorgie a fortement évolué depuis l’époque soviétique. Si avant elle faisait partie d’un tout, l’effondrement de l’Union Soviétique a eu un grand impact, entraînant la disparition de grands studios de cinéma. Ainsi, ce que l’on pourrait appeler cinéma commercial est quasiment inexistant en Géorgie, l’industrie du cinéma se caractérisant par un grand nombre de réalisateurs indépendants dont le but premier n’est pas de réaliser du profit.

    Mais la disparition de l’industrie du cinéma telle que ses parents la connaissait peut également être source d’opportunités selon lui, la situation actuelle incitant les réalisateurs et le public a se poser des questions sur ce que doit être le cinéma géorgien, quelles histoires doivent être racontées, comment les films doivent être tournés et produits ?

    L’impact du streaming

    De manière assez transparente, nous discutons également de l’impact du streaming sur la diffusion des œuvres dans l’ancien espace soviétique. Si cet aspect peut sembler a priori négatif, les auteurs ne touchant aucun revenu de ces vues illégales, Alexandre nous confie que c’est un phénomène de société, de nombreuses personnes ne consommant des œuvres culturelles que par ce biais. Il est donc assez neutre par rapport à ce phénomène, se réjouissant que des personnes se donnent la peine de diffuser son œuvre dans d’autres langues et sur d’autres marchés via ce biais.

    Sa vocation de cinéaste

    Au vu de la situation de l’industrie cinématographique dans son pays et du manque d’infrastructure, on peut se demander pourquoi il a choisi cette voie ? Mais la réponse est assez simple, Alexandre aime tout simplement ce qu’il fait, il se sent bien dans son rôle de réalisateur et les rencontres que cela peut générer lui procure un grande satisfaction, même s’il reste assez modeste par rapport à son travail, ne voulant surtout pas imposer son film ou sa vision des choses à qui que ce soit. De plus, tourner en Géorgie avec des acteurs géorgiens était important pour lui, d’autant plus que son film a pu être projeté non seulement à Tbilissi mais dans d’autres villes du pays également.

    De l’importance de la musique

    Ceux qui verront le film pourront se rendre compte à quel point la musique est importante dans le film, musique qui est composée par le frère du réalisateur qui s’est occupé de tous les aspects sonores du film. Le but du film étant de raconter l’histoire à la manière du cinéma muet, les deux frères ont longuement discuté pour placer les spectateurs dans cet état d’esprit particulier.

    Vincent Penninckx
    Vincent Penninckx
    Responsable BD

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