Alan Turing, les tourments d’une vie

Scénario : Maxence Collin, François Rivière
Dessin : Aleksi Cavaillez
Éditeur : Casterman
Sortie : 15 mai 2024
Genre : Roman graphique, Biographie

Longtemps méconnu, Alan Turing est devenu grâce aux développements de l’informatique et plus encore l’avènement de l’intelligence artificielle qui est devenue une réalité palpable depuis quelques années une célébrité. Comme beaucoup d’autres génies méconnus en son temps, quel parcours néanmoins pour en arriver là. Une histoire que nous raconte Maxence Collin et François Rivière, épaulé par Aleksi Cavaillez au dessin dans le très beau roman graphique éponyme paru aux éditions Casterman.

Si le très beau film de Morten Tyldum, The imitation game se focalisait en premier sur le rôle d’Alan Turing dans le décryptage d’Enigma, le système cryptographique utilisé par les armées nazies pour coder leurs messages, ce roman graphique élargit l’horizon des découvertes et nous parle également de l’avant et après seconde guerre mondiale.

On y découvre la palette étendue du profil psychologique du savant, ses fulgurances intellectuelles, une forte solitude et crispation par rapport à la société dans laquelle il vit, un certain mal-être et une réflexion quant à ses orientations affectives. Une vie que l’adage nul n’est prophète en son pays résume en partie, tant le manque de reconnaissance relative est criant par rapport à son niveau de contribution pour la science en général.

Alan Turing se présente comme un roman graphique que l’on peut aborder de multiples façons, tout comme le film basé sur le roman d’Andrew Hodges Alan Turing : The enigma ; soit on peut s’attacher à l’aspect génie scientifique du personnage, soit se prendre d’empathie pour lui, au vu des nombreux déboires subis lors de sa relativement courte vie. Mais au final, si on prend un peu de recul par rapport aux événements et que l’on essaie de les relier à d’autres éléments biographiques, on ne peut que s’interroger ou s’émouvoir sur la difficulté d’un homme à se conformer aux diktats de la société, d’autant plus si ses différences, tant intellectuelles qu’affectives le mettent au ban de celle-ci.

Tout comme le film de Morten Tyldum, The imitation game, Alan Turing  est une excellente entrée en matière pour ceux qui veulent faire plus ample connaissance avec l’œuvre d’un des pères de l’informatique moderne et pourquoi pas, incitera les lecteurs à en apprendre d’avantage sur lui. Pari réussi donc pour les trois auteurs.