Titre : Actrice
Autrice : Anne Enright
Editions : Actes Sud
Date de parution : 5 octobre 2022
Genre : Roman
Nous avons eu la chance de découvrir le dernier roman d’Anne Enright, autrice irlandaise de talent, mais malheureusement, ce fut loin d’être un coup de cœur.
Dans Actrice, la star, l’étoile, l’héroïne est la grande Katherine O’Dell, célèbre actrice dublinoise qui a commencé sa carrière au théâtre dans les années 60, avant de franchir l’Atlantique pour se produire à Broadway et s’essayer ensuite au cinéma. Mais le succès de Katherine a brutalement pris fin suite à une agression désespérée envers un producteur. Que s’est-il passé exactement pour que tout parte en sucette ? C’est Norah, la fille de Katherine, qui va retracer pour le lecteur la vie de sa mère, grâce à ses souvenirs de petite fille, d’adolescente et de jeune femme.
Ainsi, la construction du roman s’articule autour de deux temporalités : d’un côté il y a Katherine, femme fantasque dont la vie fut remplie d’excès, de fêtes, de drogue et d’alcool. Et de l’autre, Norah, avide d’en savoir plus sur ses parents, et plus particulièrement sur son père dont elle ignore l’identité, pour pouvoir avancer dans sa propre vie.
Si l’on peut éprouver un peu d’empathie pour Norah qui dès l’enfance doit supporter sa mère dans tous les sens du terme, y compris pour lui insuffler la confiance qui s’échappe par tous les pores de sa peau, Katherine est quant à elle tout simplement infecte, immature et dérangeante. Mais de manière générale, quel que soit le personnage ou la période, l’ennui s’invite malheureusement un peu trop souvent dans notre lecture, à force de frasques et d’interrogations identitaires qui manquent de structure.
Ce qui nous a le plus chipoté, c’est que l’on peine à discerner où veut en venir Anne Enright. Elle tente à la fois de brosser le portrait d’une époque avec ses mœurs et son sexisme très palpable, tout en évoquant l’histoire de l’Irlande sans aucune recontextualisation, et en même temps de nous livrer une relation mère-fille mouvementée, le tout saupoudré de paillettes sordides du monde du spectacle. Sincèrement, il en résulte un condensé d’informations assez peu digeste et certainement pas délassant.
S’il est une chose à souligner, c’est la dénonciation des pratiques des studios de cinéma qui poussent les jeunes pousses à changer totalement d’apparence ou de personnalité pour être plus rentables, ou qui arrangent des mariages hétérosexuels, peu importe que le promis, beau comme un dieu, soit gay jusqu’au bout des ongles. Mais bon, le but de la manœuvre n’est-il pas de se faire du blé sur le dos de jeunes gens qui ne cherchent qu’à percer ?
Malgré un avis très mitigé, aucun découragement à l’horizon : nous attendrons avec impatience le prochain roman d’Anne Enright !