Si vous êtes amateur de métal nordique, vous aurez sans doute saisi la subtilité du titre de cet article. Pour les autres, une petite introduction s’impose.
Abbath est le nom de scène d’Olve Eikemo, ancien frontman du légendaire groupe de black métal Immortal. Ayant quitté ses petits camarades l’année passée, Abbath a décidé de poursuivre sa carrière dans son coin et a pour l’occasion formé un nouveau groupe, modestement intitulé Abbath. A la recherche d’un nom d’album pour son nouveau projet, son choix se porta tout naturellement sur le nom d’Abbath, nom qui résume à merveille ce qu’on peut retrouver dans cet album.
Redevenons un peu plus sérieux et parlons-en de ce fameux Abbath (l’album). Composé de huit titres (plus deux bonus sur certaines versions), l’album était attendu de pieds fermes par la horde de fans de notre ami norvégien et de son ancien groupe. Passons donc en revue les différents morceaux de cet album éponyme.
Les festivités ou plutôt les hostilités débutent avec le morceau To War. Après un début apocalyptico-alarmiste, un déluge de blasts et de guitares s’abbat(h) sur l’auditeur agréablement surpris.
Première constatation, la voix et le son de guitare si caractéristiques du leader du groupe quand il officiait pour Immortal sont toujours bien présents. Pour l’accompagner, le déjà ex-batteur du groupe, le vil Créature (Kevin Foley pour les gens normaux) exécute un remarquable travail de précision et de brutalité. Ça rappelle du Immortal, ça sonne parfois comme du Immortal, mais ce n’est pas du Immortal (comme le reste de l’album, nous y reviendrons plus tard)
Suit Winterbane, un de nos coups de cœur de l’album. Mid tempo ravageur, assez rock’n’roll, Winterbane est un morceau pas très varié mais terriblement prenant, qui aurait pu gagner en intensité si il avait été un brin plus court. Sur ce morceau on entend également assez nettement le troisième larron de la bande, le bassiste King ov Hell (ex Gorgoroth – God Seed – Audrey Horne), qui effectue lui aussi un très bon boulot que l’on peut assez netement distinguer sur plusieurs morceaux.
Ashes of the Damned, notre autre coup de cœur, amène un brin de folie supplémentaire. Avec un peu d’imagination, on pourrait comparer les refrains à une comptine enfantine dans la façon de chanter d’Abbath. Le résultat est assez sympathique et particulier.
Ocean of Wounds est un morceau plus traditionnel, qui, comme Root of the Mountain, montre certaines limites dans les compositions de l’album. Ces deux titres auraient pu être bien plus épiques, plus aboutis mais ne parviennent pas réellement à nous émouvoir plus que ça.
Le morceau suivant Count the Dead et ses parties blizzardesques rehaussent le ton à nouveau. Les guitares se déchainent, la batterie poutre joyeusement, ça solote et ça hurle au loup, bref ça envoie comme le dirait Patrick Fiori.
Le morceau suivant Fenrir Hunts, plus trash et encore plus carré envoie à nouveau du lourd, même si, à part une fin ressemblant à une valse blastée, le reste du titre n’est pas très surprenant.
Endless sert à merveille de conclusion à l’album. On a à nouveau droit à un morceau puissant, qui envoie la purée, mais qui finalement manque d’imagination, de finesse et d’originalité. Les rifts sont rapides, mais il manque ce tranchant, ce mordant qu’avait le guitariste pour sublimer sa guitare à l’aide de sons vous gelant littéralement le corps. Et cette remarque vaut finalement pour l’album dans son entièreté.
Abbath n’est pas Immortal, on le sait et on l’accepte volontiers. Plus dans l’esprit rock’n’roll, plus pêchu et direct, nous n’avons pas affaire à un mauvais album. Carré, rapide, puissant, l’album éponyme est doté de bons passages. Mais par contre, on ressort avec l’impression que Olve Eikemo et ses camarades se sont contentés du minimum syndical pour satisfaire leur public, à savoir envoyer la sauce sans trop porter d’attention aux détails.
Attention, ce minimum reste d’une bonne qualité comparé à pas mal de productions sortant actuellement, mais nous déçoit du coup un petit peu, car on sait que le bonhomme est capable de mieux et du coup, on en attendait nous beaucoup mieux.