A cure for life
de Gore Verbinski
Thriller, Horreur
Avec Jason Isaacs, Dane DeHaan, Mia Goth
Sorti le 15 février 2017
Fraîchement nommé cadre d’une entreprise financière, Lockhart doit, pour conserver son emploi, mettre la main sur son patron, qui a trouvé refuge au sein d’un centre de bien-être en Suisse. Arrivé sur place, il ne tardera pas à se rendre compte que tout n’y est peut-être pas normal.
Suite à l’inespéré Lone Ranger, Gore Verbinski, réalisateur à la filmographie hétéroclite, opère un retour réussi au film fantastique adulte, après son remake appliqué de Ring, en 2002.
Commençant comme un drame, A cure for life prend peu à peu un autre chemin, qui tient autant du thriller complotiste que du film d’horreur gothique, tout en traçant une voie qui lui est propre. Difficile dès lors de savoir vers quel genre il penchera le plus au final. Cette imprévisibilité va de pair avec le fait qu’il sait prendre son temps pour instaurer un mystère qui, ironiquement, s’épaissit à chaque apparition d’un nouvel indice. Cela permet au long-métrage de jouer à la fois avec son personnage principal et avec le spectateur, tous deux étant amenés à se perdre au sein d’une enquête de plus en plus opaque.
À ce niveau, le film n’est pas sans rappeler notamment Le locataire de Roman Polanski, dans sa description d’une paranoïa grandissante en milieu clos, qui pousse à tout remettre en question, jusqu’à la santé mentale de son héros. Ce doute permanent, qui ne cesse d’évoluer de scène en scène, permet d’alimenter le suspense, par ailleurs savamment dosé, sur la quasi totalité de la durée (de près de deux heures et demie).
Le tout est souligné par l’interprétation convaincante des acteurs (parmi lesquels on retrouve Dane DeHaan, le Valérian du prochain film de Luc Besson), par une belle photographie, ainsi que par une réalisation soignée et inventive. Elle fait écho au scénario, en insistant sur les reflets et les perceptions faussées, tout en sachant tirer parti de son décor afin de composer une atmosphère étrange, de plus en plus oppressante. De quoi conférer un impact certain aux visions cauchemardesques marquantes qui viennent émailler le récit, jusqu’à ce que de nombreuses pièces du puzzle s’emboîtent, parfois de manière un peu trop facile (quelques éléments sont légèrement appuyés).
Le film a toutefois le mérite de laisser certaines réponses auxiliaires de côté, lui assurant une durée de vie au-delà du visionnage. Il n’en faut pas plus pour faire d’A cure for life un exercice d’équilibriste ludique, surprenant et abouti, d’une noirceur certaine, qui constitue l’une des propositions de cinéma fantastique les plus marquantes de fraîche mémoire.