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    « A contretemps », un thriller social actuel

    A contretemps
    de Juan Diego Botto
    Thriller
    Avec Penélope Cruz, Luis Tosar, Christian Checa
    Sortie le 9 août 2023

    Ce film s’inspire d’un drame humain qui se déroule en Espagne à la suite de la crise financière de 2008, l’expulsion de familles jugées insolvables par les banques en Espagne.

    « A contretemps » marque les débuts en tant que réalisateur de l’acteur Juan Diego Botto. Il est connu notamment pour ses rôles à l’international dans Suicide Squad (2021) et Les Oubliés de Juarez (2007). Mais également pour ses prestations dans Martín (Hache) d’Adolfo Aristarain (1997), Obaba de Montxo Armendariz (2005) ou encore Ismael de Marcelo Pineyro (2013).

    Devant la caméra, l’acteur Luis Tosar qui incarne Rafa, un avocat humaniste pris dans les affres de ses impératifs professionnels et personnels. Mais aussi Penelope Cruz, qui incarne Azucena, une mère de famille qui lutte pour ne pas perdre son logement. Accompagné de son beau-fils, Rafa va en ligne de fond tenter de venir en aide à une petite fille qui fut embarquée par la police lors d’un contrôle à son domicile insalubre. Ce dernier a 24 heures pour retrouver sa mère qui s’avère introuvable.

    Basé sur un fait réel

    A travers ces différents récits, c’est une critique de la politique sociale espagnole que met en scène Juan Diego Botto. A l’image de son anti-héros Rafa, la société hispanique semble dépassée par la course aux profits, l’inflation effrénée des loyers et la précarité économique.

    En effet, ce n’est qu’en mai dernier que la première loi sur le logement a été adoptée en Espagne. Permettant le plafonnement des hausses de loyers dans les zones dites « tendues », ainsi que le gel des expulsions pour les locataires les plus vulnérables. Toutefois, comme l’illustre le film, la précarité sociale des publics les plus fragilisés restent très présentes encore à ce jour.

    Afin de renforcer le côté réaliste du film, certaines scènes ont d’ailleurs été filmées comme un documentaire. On y dénonce une situation dramatique qui met à la rue des familles entières mais qui montre aussi les différentes actions mises en place par des associations de citoyens. Derrière ce fait d’actualité, Juan Diego Botto oppose deux camps : les locataires et l’Etat (incarnés par la police, les banques et la justice). Le réalisateur dénonce également les violences institutionnelles qui se cachent derrière la politique sociale espagnole qui trouvent leur paroxysme à travers son organe de répression : la police.

    Un scénario à tiroirs

    Bien que basé sur une trame narrative très forte et socialement importante, le réalisateur a fait le choix de filmer en parallèle trois destins. Notre avis est que cette décision desservira le film.

    En effet, nous suivons trois histoires. La première est celle d’Azucena incarnée par Penelope Cruz. Une mère de famille en lutte contre un avis d’expulsion qui la condamnerait à finir à la rue. A notre sens, c’est certainement l’histoire la plus forte des trois. Et pour cause, Penelope Cruz est bouleversante de sincérité. Elle incarne une femme fatiguée et rongée par la peur et l’angoisse mais habitée par une révolte et une colère justifiée. Elle livre dans ce film une prestation très convaincante.

    La deuxième histoire occupera Rafa, incarné par Luis Tosar, pendant la majorité du film. Ce dernier part à la recherche de la mère d’une petite fille saisie par la police à son domicile. Nous devons avouer que nous n’avons pas compris le sens, ni la plus-value de cette histoire. Elle finit d’une manière prévisible et banale. A contrario, elle ne fera qu’enrichir le sentiment d’exaspération que l’on ressent envers ce personnage. Et pour cause, ce dernier semble perpétuellement dépassé par sa vie. Il est un anti-héros au légère tendance looseur qui éternellement commet les mêmes erreurs (exemple : mauvais stationnement de sa voiture qui lui vaut des amendes, oubli de ses clefs dans l’habitacle de sa voiture, etc.) Durant tout le film, il multiplie les erreurs de jugements en restant buté et fermé. Il ne semble n’être jamais au bon moment au bon endroit, au point qu’il en devient agaçant. Le but premier de cette histoire était certainement d’être empathique envers ce personnage qui tente de faire le maximum sans jamais y arriver. Mais on finit plutôt par se lasser de ces manquements, de s’énerver de son manque de lucidité et n’avoir finalement que très peu de compréhension envers son envie de venir en aide à chaque âme qui vive.

    La troisième concerne une vieille dame ayant également reçu un avis d’expulsion mais dont le destin sera plus funeste qu’Azucena. Finalement, nous dirons que c’est la plus discrète des trois histoires, mais assurément la plus tragique.

    Au travers de ces trois récits, Juan Diego Botto cherchait certainement à illustrer les trois réactions face à l’injustice : la révolte, la fuite et le fatalisme. Toutefois, bien que l’ambition soit tout à fait honorable, la mise en œuvre ici ne permet pas la résonnance espérée et crée au contraire de la confusion et du détachement émotionnel.

    Au final, « A contretemps » est une œuvre intéressante de par la thématique sociale abordée mais surtout pour la prestation de Pénélope Cruz qui a, elle seule, tient l’ensemble de la cohérence du film.

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