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    Michael Jones : « Je ne pourrais pas m’arrêter de jouer »

    Crédit photo d’illustration ©Philippe Berger

    Né d’une mère française et d’un père gallois, Michael Jones est, par la force des choses, un véritable artiste européen. C’est donc tout naturellement que nous l’avons rencontré en plein cœur du quartier européen, à Bruxelles.

    L’occasion pour nous de parler de son nouvel album et de sa tournée, mais aussi de le découvrir davantage.

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    À l’écoute de votre album précédent, Celtic Blues, nous avons eu l’impression de revenir dans le temps et d’entendre des sonorités similaires à celles qui ont fait votre succès, notamment sur Je te donne. Est-ce voulu ?

    Non. Cela dit, cet album me représentait totalement, donc on y retrouve peut-être ce que j’ai pu apporter à Jean-Jacques (Goldman) à l’époque.

    Celtic Blues a été pensé autour de moi uniquement. C’est un retour à mes origines, plus particulièrement le Pays de Galles et la musique celtique.

    Aujourd’hui, vous venez en Belgique avec votre dernier album intitulé 40-60 qui est beaucoup moins ancré dans le blues que le précédent. Pourquoi ce changement brutal ?

    Une critique que l’on m’a faite sur l’album Celtic Blues, c’est qu’il n’y avait pas assez de guitare. C’est pourquoi, dans 40-60, je m’en suis donné à cœur joie. Dès lors, cet album est plus pop puisque je suis revenu aux guitares électriques et à mes influences Knopfler – Pink Floyd.

    Pourquoi l’avoir appelé 40-60 ?

    La raison est assez simple. Au moment où je l’ai enregistré, j’avais soixante ans et quarante ans de vie professionnelle en France.

    Dans celui-ci, vous faites un duo avec Francis Cabrel pour la seconde fois…

    Oui. Nous avions déjà travaillé sur un blues qui s’appelait Des nuits trop longues. C’est Francis qui était venu vers moi après Les rencontres d’Astaffort. Cela a bien fonctionné et nous avons donc refait un duo, sur une chanson de Jacques Veneruso.

    Vous avez fait d’innombrables duos dans votre carrière et finalement, vous avez sorti peu d’albums solos. Cela vous plait-il davantage de travailler avec d’autres artistes ?

    Non, j’ai fait moins d’albums solos parce que je n’avais pas vraiment le temps. J’ai eu la chance d’avoir de nombreux projets sur lesquels travailler et ceux-ci m’ont quelque part empêché de faire ma carrière solo.

    Il y a eu Goldman, puis Fredericks-Goldman-Jones, mais aussi El Club et Week-end Millionaire. Ce sont des projets de groupe que j’avais réellement envie de faire. J’ai bien vécu ces époques et je n’ai donc rien à regretter.

    Vous êtes à moitié français et à moitié gallois. Quelle est votre notoriété au Pays de Galles ?

    Je suis très bien connu dans la rue où je suis né. Mis à part ça et quelques proches, je suis quasiment inconnu au Pays de Galles.

    On ne m’a jamais demandé de venir chanter l’hymne national, donc c’est que je ne suis pas si connu que cela. C’est d’ailleurs quelque chose qui me plairait. J’aimerais chanter l’hymne national gallois en France, lors d’un match de rugby par exemple.

    Il y a un an, la presse hexagonale parlait de votre retraite. Finalement, vous continuez ?

    Je n’ai jamais dit que je « partais » à la retraite, j’ai déclaré que j’étais retraité en juillet 2014 et c’est le cas. Aujourd’hui, je suis un retraité qui touche sa retraite. En fait, je me retire des studios, 40-60 est mon dernier album.

    Je continue mes tournées car je ne pourrais pas m’arrêter de jouer. C’est comme une drogue.

    Vous faites partie d’une génération d’artistes qui a fait les beaux jours de la pop des années 80. Vous qui êtes encore en activité, quel regard portez-vous sur la pop d’aujourd’hui ?

    Il y a des choses fabuleuses. Cependant, je ne trouve pas que la pop d’aujourd’hui soit très différente de celle que j’ai toujours faite. Par exemple, j’ai découvert cet hiver le groupe Puggy, et je ne vois pas de grandes différences. La manière de chanter est un peu plus moderne, mais c’est tout.

    Par contre, ce qui me fait peur, ce sont les sons très modernes. Je me demande bien ce qu’ils seront dans dix ans.

    Quand je crée un album, j’ai envie que vingt ans plus tard, il n’ait pas trop vieilli. Les instruments assez roots ne se démodent pas en général. Il m’est arrivé d’utiliser des instruments modernes, mais lorsque je les réécoute, je me rends compte qu’ils vieillissent très vite.

    Personnellement, je m’obstine à utiliser des instruments qui ne vieillissent pas comme la guitare acoustique, l’orgue Hammond ou la vraie batterie. Après, on rajoute quelques loops et autres effets discrets, histoire de dire qu’on n’est pas à la masse.

    Et que pensez-vous de la scène belge ?

    C’est une scène vivante. J’adore jouer en Belgique car le public est là pour faire la fête, tout comme dans le Nord de la France.

    La Belgique est un pays qui vit la musique… la bière doit être pour quelque chose là-dedans. (rires) C’est ce qui rapproche les Belges des Gallois. D’ailleurs, je ne vois pas de grande différence entre aller dans un pub au Pays de Galles et aller Place Jourdan manger des frites en buvant une bière.

    Vu votre long et riche parcours, qu’est-ce que vous souhaitez encore faire et que vous n’avez pas pu réaliser ?

    Chanter en duo avec Paul McCartney, ça me plairait. Pas forcément faire un disque, juste faire le bœuf avec une guitare.

    Propos recueillis par Matthieu Matthys


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    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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