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    BIFFF 2014 : Dark Blood et The Zero Theorem

    Après avoir dormi que quelques heures ces derniers jours (le BIFFF c’est un peu un marathon d’endurance), j’enchaîne avec la plus longue journée du festival. Au menu, des zombies en parade, des grosses avant-premières et une nuit consacrée au fantastique.

    Dark Blood de George Sluizer

    dark blood affiche

    Le premier film est intriguant. Dark Blood, tourné 1993 avec River Phoenix. Mais l’acteur étant mort à quelques jours de la fin du tournage, le film n’était jamais sorti. George Sluizer subit une rupture d’anévrisme en 2008 et décide de récupérer les rushs qu’il a conservé et de terminer enfin son film.

    N’ayant pas toutes les scènes en boîte, Sluizer décide de raconter en voix-off les passages qui manquent. Le procédé est déroutant mais est juste dans l’optique d’un hommage. Mais cette structure ne peut satisfaire à une exploitation plus large.

    Concernant le film, rien n’est vraiment mauvais mais rien n’est vraiment bon. Il s’agit là d’un simple thriller, idéal pour une après-midi sur AB3. On suit un couple d’acteurs connus, tombés en panne dans le désert et qui se font aider par un jeune veuf vivant isolé au milieu de nulle part. Le jeune homme a une manière très spéciale de les aider. Ou peut-être ne veut-il pas voir partir l’actrice qui, dans un souci d’allumer son monde, finit par faire tourner la tête au jeune homme.

    Reste bien sûr le plaisir de voir River Phoenix dans un inédit. Malgré un jeu intense, quelques scènes sont assez ratées. Peut-être dues à un manque de choix dans les prises conservées.

    Un film hommage intéressant à découvrir, mais qui, hormis le défunt acteur, ne devrait pas faire grand bruit.

    George Sluizer, vieil homme en chaise roulante n’a pas perdu de son caractère et après s’être moqué du présentateur en parlant aisément et sans accent français et néerlandais, a décidé tout bonnement de faire le Q&A sur la scène de la salle 1.

    The Zero Theorem de Terry Gilliam

    zero theorem affiche

    À 20h30, c’est la cohue, il y a tellement de monde (et aussi des gens avec encore leurs déguisements de zombies), qu’on ne voit presque pas les animations. C’est dire si le nouveau Gilliam était attendu ! Plus de place nulle part, ni en vente, ni en accréditation, même les réservations presse sont complètes depuis plusieurs jours.

    Le sieur Gilliam ayant annulé sa venue quelques jours avant le début du festival, les reproches commençaient déjà à s’élever. Mais c’est mal connaître ce cher Terry, amoureux du BIFFF qui a préparé pour son public, une petite vidéo s’excusant de ne pas être présent et rendre hommage aux BIFFFeurs. Il terminera d’ailleurs par crier « La Poooooorte ».

    Par rapport au film en lui-même, on retrouve tout l’univers du réalisateur. Les trouvailles visuelles sont intéressantes et, comme d’habitude, il faut accepter de se laisser porter par un film où toutes les explications ne seront pas données.

    On suit le train-train de Qohen, génie informatique asocial et étrange qui est mandaté par le directeur de son entreprise pour résoudre le théorème zéro ou le théorème prouvant l’inexistence et l’inutilité du monde. Dans sa quête il va rencontrer Bainsley, une jeune femme magnifique et Bob, le fils du dirlo, petit génie du codage.

    Christopher Waltz change enfin de registre et laisse tomber l’homme rigide qui contrôle la situation pour se glisser dans la peau d’un homme névrosé, perdu dans un monde qu’il ne comprend pas. Mélanie Thierry est belle et joue mieux que dans ses derniers films français, tandis que Matt Damon joue un peu de la figuration, se contentant juste d’une scène finale où il livrera les grandes vérités du film.

    Malheureusement tout n’est pas rose, le film souffre trop de la comparaison avec Brazil qui défend peu ou prou les mêmes idées. Même l’univers ressemble trop au chef-d’œuvre de Gilliam. Dur dans ce cas d’arriver à faire mieux que sa plus grande réussite. En dehors de ce manque d’originalité, The Zero Theorem peut frustrer, car ne répondra qu’à peu de questions qui taraudent le téléspectateur.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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