De Philippe Blasband, mise en scène Philippe Blasband et Pierre Sartenaer, avec Jean-Pierre Baudson, Jean-Claude Derruder, Janine Godinas, Nicole Valberg, Pierre Sartenaer
Jouée du 10 au 13/02 au Manège à Mons
A voir du 26/02 au 7/03 à 20h30 au Théâtre Varia à Bruxelles
Avec Le tramway des enfants, Philippe Blasband évoque la perte d’un enfant, qui peut aller jusqu’à la destruction d’une famille. A travers le souvenir qu’ils laissent aux vivants, la souffrance liée à cette perte est illustrée de manière métaphorique. La pièce traite d’un sujet lourd avec une légèreté et une facilité admirable.
Quatre adultes sur la scène se parlent et se déplacent dans un environnement comme aseptisé, que nous n’arrivons pas à identifier. Des murs métalliques, une large bordure, quatre chaises, et cet homme dans le coin? Que fait-il là? Il n’a pas l’air de participer mais intervient quand il le juge nécessaire.
Petit à petit, l’histoire se dévoile et la brume se lève. L’homme mystérieux annonce un arrêt immédiat, personne ne doit descendre mais quelqu’un doit monter. Ok, nous comprenons alors que nous sommes dans un tram. Il n’y a que trois personnes dans le tram pour quatre chaises, il en faut donc un quatrième.
Avec l’arrivée de ce quatrième passager, le spectateur peut comprendre ce qui se joue devant ses yeux. Avec ses questions incessantes pour essayer de comprendre où il est, où ils vont, ou encore ce qu’ils font, tout devient clair et les adultes devant nous apparaissent tout d’un coup beaucoup plus jeunes. Le conducteur du tram est en fait l’ange accompagnant les passagers pour les amener le moment venu là où ils doivent aller. Mais où doivent-ils aller? Petit à petit, ce qui était drôle devient grave et nous percevons ces adultes sur la scène comme des enfants, avec leurs dialogues et jeux d’enfants.
Tant qu’on se souviendra d’eux, que quelqu’un pensera encore à ces enfants partis trop tôt, ils resteront à bord. Mais le souvenir s’effrite et les enfants commencent à oublier petit à petit leur âge, les conséquences de leur mort ou bien la manière de parler. Enfin vient la délivrance, lorsque la dernière personne sur terre pensant encore à eux s’éteint, ils peuvent arrêter de souffrir et s’en aller du tram.
A travers cette métaphore, Philippe Blasand veut mettre en scène la souffrance des vivants qui n’oublient pas ces enfants. La souffrance des passagers du tram reflète le souvenir douloureux qu’on en a d’eux sur terre. Interprétée de manière magistrale, la pièce met en scène des sexuagénaires, qui s’effacent petit à petit pour apparaitre comme des enfants. Au fur et à mesure que le sens se dévoile, les personnages disparaissent pour ne devenir qu’un souvenir matérialisé sous nos yeux.
Un oeuvre magistrale toute en finesse et subtilité.