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    Métallos et dégraisseurs au Jean Vilar

    De Patrick Grégoire, sur base des entretiens réalisés par Raphaël Thiéry, avec Jacques Arnouls, Michèle Beaumont, Lise Holin, Alexis Louis-Lucas et Raphaël Thiéry

    Du 10 au 13 février 2015 à 20h30 à l’Atelier Théâtre Jean Vilar

    L’histoire qui nous est « contée » retrace la vie, les luttes, les espoirs, les défaites et les victoires de 5 générations d’ouvriers tréfileurs dans une usine située dans le village de Sainte-Colombe. Ce village était né de l’usine au milieu du dix-neuvième siècle. L’entreprise avait fait construire des routes, des logements et jardins ouvriers, une école, et elle entretenait l’ensemble. L’entreprise entretenait les ouvriers, et les ouvriers entretenaient l’usine.  Ou serait-ce plus approprié de dire que les ouvriers « nourrissaient » l’usine ? Ce qui est certain, c’est qu’à la belle époque, elle avalait pas loin de 600 ouvriers, de jour comme de nuit. Jamais ses machines n’arrêtaient de tourner, notamment sous peine de rendre fous les cloutiers.  Et puis vint la guerre, et puis vinrent les grèves, et puis vint l’autre guerre, … Et puis vint Arcelor.

    Basée sur des récits de vie récoltés par le comédien Raphaël Thiéry, lui-même fils d’ouvrier à Sainte-Colombe, la pièce met en scène des ouvriers dévoués (et peut-être même voués) à l’usine et la vie et le déclin de celle-ci.

    Et, on utilise volontiers la troisième personne du singulier pour parler de l’usine puisque le metteur en scène, Patrick Grégoire, l’a personnifiée et lui a donné voix au chapitre. Et quelle voix ! S’il est vrai qu’elle s’exprime peu, elle sait toutefois se faire entendre : au moyen d’effroyables bruits de machineries (sans doute de véritables enregistrements des machines) et d’un langage robotique, elle dicte sa loi.  Un jeu, à la fois amusant, inquiétant et fascinant que livre avec brio Alexis Louis-Lucas. Saluons au passage l’incroyable force des quatre autres acteurs qui, faute de budget paraît-il, sautent d’un rôle à un autre, d’un personnage à l’autre, d’une génération à l’autre. Le tout dans une cadence frénétique qui fait passer ce cours d’histoire ouvrière d’une heure quarante comme « un antibiotique pour chat dans une boulette de viande ».

    Métallos et Dégraisseurs est une pièce résolument moderne et rythmée où se rencontrent différentes opinions, où divergent les points de vue et où se confrontent valeurs, croyances, classes et générations, modernité et tradition, sans toutefois tomber dans le stéréotype.

    Une pièce intelligente qui allie, non sans-humour, histoire ouvrière et dramaturgie et qui, de la sorte, fait un travail de mémoire considérable, en compilant les témoignages d’antan et en les restituant au grand public.

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