Chorégraphie de Maguy Marin, musiques originales de Franz Schubert, Gilles de Binche, Gavin Bryars
Le 30 janvier 2015 à 20h au Palais des Beaux-Arts de Charleroi
Maguy Marin fait partie de ces chorégraphes ayant eu une importance capitale dans le monde de la danse dans les années 1980. De formation classique, elle se rend à Bruxelles où comme d’autres grands noms de cette époque, elle va forger son intérêt pour la danse contemporaine. Tout comme Anne Teresa de Keersmaeker, Michèle Noiret, Michèle Anne De Mey ou encore Catherine Diverrès, dont vous avez déjà pu croiser les noms et créations à Bruxelles, Maguy Marin s’est formée à l’école Mudra à Anderlecht fondée par Maurice Béjart en 1970, et dont elle fut une des premières élèves.
La singularité du travail de Maguy Marin tient dans le fort caractère théâtral de ses chorégraphies, dans des spectacles ou la frontière entre danse et théâtre est toujours difficile à cerner. Du théâtre muet, de la danse sans musique, peu importe, ses spectacles sont une recherche de déplacements afin de raconter quelque chose, mais sans nécessairement se demander dans quelle catégorie du spectacle vivant cela doit aller.
May B est avant tout inspiré de l’oeuvre de l’écrivain Samuel Beckett, dont la lecture de Fin de Partie la bouleversa, et dont on retrouve les traces dans la théâtralité de son travail.
Dix danseurs grimés de blanc, un plateau vide recouvert de poussière blanche, avec en fond un mur noir sur lequel sont réparties trois portes, tel est le point de départ de May B. À travers différents tableaux, les danseurs expriment le besoin et la difficulté d’être ensemble. La répétition des mouvements et des scènes, cette poussière blanche en suspension dans l’air, le caractère grotesque et touchant des personnages, le tout rythmé par les respirations, le bruit des gestes, et les musiques lancinantes, confèrent à ce spectacle une poésie indéniable qui berce le spectateur dans une atmosphère lugubre et touchante à la fois.
Le point négatif serait peut être que je n’ai pas retrouvé l’aspect novateur du spectacle trente ans après sa création. Contrairement à d’autres commentaires qui en ont été fait, on peut douter que le spectacle bouleverse encore les codes en vigueur, si ce n’est peut être la trop grande séparation que l’on trouve actuellement entre danse et théâtre, mais cela est plus un problème culturel et institutionnel occidental, que purement artistique.