L’année 2015 a, sans aucun doute, commencé avec de très belles découvertes musicales. Il suffit d’écouter Jacky Bastek ou Fränk pour s’en rendre compte. Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. C’est pourquoi nous nous sommes plongé sur ce nouvel opus du maître du rock progressif actuel: Neal Morse.
A 54 ans, le talentueux musicien de Nashville n’a pas fini de nous étonner. Après Songs From November, un album surprenant par son approche plus classique, loin du rock progressif et qui donnait une autre vision du travail de Neal Morse, voici à présent The Grand Experiment. Le concept de cet album est tout à fait novateur dans la carrière de l’ex-Spock’s Beard.
En effet, après avoir quitté le groupe pour entamer une carrière solo au début des années 2000, Neal Morse s’est principalement entouré de Mike Portnoy à la batterie et Randy George à la basse pour enregistrer les sept albums de sa carrière solo. On retrouvait ainsi un son particulier et un style bien défini. Bref, une signature musicale qui l’aida à constituer une masse non négligeable de fans à travers le monde.
Lors de la dernière tournée pour promouvoir l’album Momentum, Neal remarqua que son groupe live avait bien murit et qu’il existait une certaine symbiose au sein de la formation. Il se dit alors qu’il était temps de mettre au point un nouveau projet : celui de faire du Neal Morse Band non plus une formation destinée aux prestations live, mais lui donner vie au travers d’un nouvel album studio.
Voici donc le premier album du Neal Morse Band : The Grand Experiment. Comme son nom l’indique, ce disque a donc été pensé différemment. Neal Morse a ajouté deux autres musiciens qui l’accompagnaient sur scène. Il y a Eric Gillette (toujours rasé de près) qui est un guitariste plutôt shredder et aussi Bill Hubauer qui joue du clavier. Tous deux amènent une dynamique très différente de celle que l’on connaissait avant.
En ce qui concerne la composition, là aussi il y a du changement puisque contrairement aux autres albums qu’il a réalisé auparavant, Neal Morse n’a pas écrit la musique avant d’entrer en studio. Au contraire, il a souhaité laisser à chacun l’occasion de s’exprimer individuellement sur ce disque et de participer ainsi à cette grande expérience.
Et ce qui paraissait être un paris risqué va rapidement de transformer en une aventure exceptionnelle. Un voyage aux nombreuses surprises pour l’auditeur qui se voit plonger dans autre chose. Certes on reconnaît l’immense talent de Neal Morse, la batterie de Mike Portnoy est reconnaissable entre mille, Randy George a toujours ce feeling et cette pêche incroyable en toute circonstance. Mais le travail de Gillette et Hubauer apporte un énorme changement quant à la composition des morceaux ainsi que ces solos incroyables.
C’est comme si tout à coup, on avait tout autre chose. Parfois plus direct (comme dans le titre éponyme) mais toujours aussi efficace. Des parties qui nous rappellent tantôt les Beatles, tantôt Toto et ses arrangements sublimes. De la douceur aussi avec Waterfall, l’une des plus belles balades de Neal Morse qui n’hésites pas à s’entourer de ses amis au chant pour donner le meilleur de chacun.
Il y a aussi Agenda, plus brut, avec un gros son pop qui rempli la pièce une fois que vous le diffusez. Tout effet y est amplifié et donne une sensation de puissance que l’on n’avait pas encore expérimenté chez Neal Morse.
Alive again montre bien à lui seul la sensation de renouveau que l’on ressent à l’écoute de ce disque. Là aussi cette melodicité dans l’introduction que l’on peut comparer à Toto. Sur ce titre, le groupe ose aussi l’utilisation d’instruments peu ou pas présents sur les albums précédents comme le sitar ou encore quelques cuivres. C’est un pur bonheur que de se nourrir d’un tel bijoux avec des solos incroyables et une écriture parfaite. On ne peut qu’aimer ce superbe morceau qui conclu à merveille un album digne des meilleurs réalisé par Neal Morse au cours de sa carrière.
Rares sont les artistes capables de se renouveler et proposer une telle qualité. Après autant d’années de carrière, autant d’albums, Neal Morse nous montre une fois de plus qu’il est un maître dans son domaine et peut toujours nous transporter ailleurs là où on ne l’attend jamais. C’est aussi cela qui fait sa force et son charme.