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    Paul Personne nous parle de sa formidable carrière et de Puzzle 14

    C’est après une superbe prestation au Splendid de Lille (voir notre chronique en cliquant ici) que nous avons eu la chance de parler un peu avec Paul Personne. Celui-ci nous parlé de son dernier album et de ses souvenirs avec beaucoup de gentillesse et de sincérité. 

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    Bonjour Paul Personne.

    Merci de nous accorder cet entretien.

    Pour commencer, je voudrais que vous nous parliez de ce nouvel album, Puzzle 14, et du groupe A l’Ouest qui vous accompagne également en tournée.

    Pour moi, cest la continuité de ce que je faisais avant. Je passe mon temps à creuser un sillon qui correspond à ma vie, à ce que je recherche et j’essaie de me rapprocher le plus possible de ce que j’ai envie de faire et dire. Être le plus vrai possible par rapport à ce que je voudrais.

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    Et au sujet des gars de À l’Ouest, on s’est marré en 2011, quand je leur ai proposé de me rejoindre. On se connaissait depuis longtemps déjà on faisait des beufs ensemble. Et je leur ai dis  » les gars, plutôt que de faire des covers dans des nuits endiablées, on pourrait peut-être bosser ensemble? Moi j’ai pas envie de faire des démos et des maquettes. J’ai envie de voir des êtres humains qui jouent avec moi. »

    Alors, on a essayé, et ça a fonctionné. Je leur filais les accords des nouvelles chansons et ça marchait bien. Donc on a fait ces deux disques, Face A et Face B en 2011. Puis, on est parti sur la route pendant 2 ans et demi. Et en rentrant de tournée, pendant l’été 2013, je leur ai dis:  » les mecs, j’ai plein d’idées dans la tronche. On vient de se taper 2 ans de route, on a pu creuser, approfondir certaines choses. Ça roule bien entre nous. J’ai pas envie d’aller chercher ailleurs pour le moment en tout cas. Il faut qu’on essaie de nouveaux morceaux. »

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    Et donc voilà, on a vite fait des nouveaux morceaux. On a répété et enregistré vite fait au studio. Enfin, le local de répète qui est devenu le studio des deux frangins (les frères Anthony et Nicolas Bellanger qui assurent respectivement la guitare et la basse dans le groupe). Ils habitent à peine à une demi-heure de chez moi! (Rires)

    Ils ont une grange qu’ils ont aménagé en studio. Et donc, c’est ainsi que s’est fait cet album. On a enregistré en live et je trouvais qu’il y avait un truc. Je voulais quelque chose de simple avec très peu d’overdubs. Tout est joué live, les solos sont live aussi.

    Après, je refais la voix parce que je n’ai pas les mots tout de suite et qu’il faut que je travaille dessus. J’ai fais aussi quelques petits arrangements au clavier. Mais je voulais surtout que ça sonne vrai. J’entends tellement de trucs en ce moment qui sont trop léchés, trop sophistiqués. Les mecs recalent tout à l’ordinateur. Si ça chante faux, hop on passe par Autotune.

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    Que pensez-vous de cette évolution de l’enregistrement vers le numérique ?

    C’est un vieux débat. L’avantage du numérique, c’est que tu peux stocker des tas de musiques. Et puis, surtout, tu n’as pas de bandes!

    Moi, j’ai enregistré des tas de choses en analogique. Quand tu fais ça, t’as des tonnes de bandes à trimballer. Quand tu vois les Stones, ils ont des hangars remplis de bandes murltipistes. Ici, en numérique, tu as juste ton disque dur, tu fais quelque chose, tu fais une approche de mix. Si tu laisses tomber pendant un mois, tu reviens après, et tout est tel que tu l’avais laissé y a un mois et tu peux retravailler directement. Ca c’est vachement bien.

    Mais, en même temps, ce son de l’analogue vachement plus chaud, cette sorte de diaphonie qu’il y a entre les pistes qui fait cette sorte de glue, c’est vraiment chouette. C’est à ça que j’ai été élevé. C’est vrai que le numérique est un peu plus froid, mais y a des tas de gens qui l’utilisent bien maintenant. Je pense que l’idéal, c’est le mélange des deux.

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    Il y a la même approche à la guitare par exemple. Certains préfèrent relier la guitare directement à l’ampli. D’autres préfèrent passer par un tas de multi-effets et plus forcément par un ampli.

    Ah mais moi, je peux pas! Ne prenons comme exemple que l’émetteur pour guitare. (Qui permet aux guitariste de jouer librement sur scène sans câble)

    C’est chiant un jack sur scène. Ca se prend dans tes pattes, c’est  toujours dans le chemin. Mais pour moi, le son  de guitare, c’est comme ça que je le conçois. Y a des années, les mecs me demandaient: « Hey Paul, pourquoi tu ne te mets pas au HF? C’est beaucoup plus pratique! T’as pas de fil dans les pattes, juste ce truc sur toi, etc.. »

    J’ai essayé, et je n’aime pas du tout le son. Quand tu joues du Hard-rock ou du Metal, etc.. C’est pas grave, parce que tu joues sur un son très saturé, très compressé. Mais, dès le moment où tu joues sur un son naturel, avec de vielles guitares, de vieux amplis, et que tu cherches ce grain, quand tu baisses ton potentiomètre,… Le HF, ça le fait pas du tout! C’est fait pour quand tu fais du « bourin », du « rentre-dedans » ou de la variété (rires), je sais pas, c’est très bien.

    Mais pour moi, ça ne me va pas du tout! Je suis peut-être préhistorique, mais pour moi, une guitare doit sonner comme ça. Y a beaucoup d’appareils maintenant qui compressent le son, etc.. C’est peut-être le son actuel, mais ce son ne m’intéresse pas. A part des groupes comme les Rival Sons que j’adore parce qu’ils ont un vrai son comme j’aime.

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    Le titre de votre nouvel album, Puzzle 14 fait référence à des bouts de vie mis ensemble…

    Oui, en effet. Il y a 14 parce que c’est le 14eme album studio. 2014, l’année de sa sortie. Et puis, il y a puzzle. Parce qu’on est tous un genre de puzzle à la recherche d’une pièce manquante. Et puis, il est vrai qu’un album, c’est des bouts de vie. Avant, j’ai fais un album qui s’appelait Instantanés. C’était un peu le même principe. C’est  en lisant des livres de Sam Shepard que j’ai pensé à ça. Mais honnêtement, pour trouver un titre d’album, faut pas trop se creuser la tête non plus. J’ai pensé à  » Puzzle ». Puis, « Puzzle 14 ». Oui c’est cool! Et donc, voilà d’où vient ce titre.

    J’ai vraiment évité d’intellectualiser le propos. Je voulais que ce soit enregistré vite, de façon brute. Même s’il y a des erreurs, même si des solos auraient pu être meilleurs, je pense qu’il faut accepter l’instant tel qu’il est. Et là,  Il se passait quelque chose. C’est pas le summum de ce que j’aurais pu faire. Mais il se passe un truc bien entre nous. Donc, il faut le garder comme ça et ne pas dénaturer en faisant des overdubs dans tous les sens.

    Pareil pour les mots. J’ai écris vachement vite. Je dormais peu, mais tous les jours je venais avec de nouveaux textes. On les essayait et je revoyais ma copie si ça ne sonnait pas correctement. Mais, encore une fois, je ne voulais pas faire de texte avec des métaphores. Je voulais des mots simples, qu’on assimile.

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    La pochette est très particulière également. Vous êtes allés à fond dans le psychédélique cette fois.

    Oui, en effet! (Rires) J’ai toujours adoré ça. J’ai été élevé aux groupes anglais des 60’s quand j’étais ado. Des groupes comme les Small Faces, les Beatles et les Stones bien sûr. Mais surtout des groupes qui foutaient la merde comme les Yardbirds. Et puis évidement, il y a eu ensuite Clapton, John Mayall,…

    Et puis Jimi Hendrix qui a tout bousculé, Bob Dylan qui a écrit des choses fantastiques, Janis Joplin, Aretha Franklin. Je me suis pris des agréables claques durant ces années 60. C’était vachement bien. Et puis tout ce qui se passait sur la Côte Ouest: les Grateful Dead, Jeferson Airplane, Crosby Still Nash And Young, j’adorais tout ce qu’il y avait là-bas.

    Y avait des mecs qui faisaient des choses sublimes en artwork. Par exemple les affiches du Fillmore. J’adorais toutes ces lettres, ce graphisme psychédélique. Bon, les mecs avaient les produits pour écrire de cette manière  (rires) . J’ai vécu cette époque en direct. En 1967, j’avais 17 ans. Donc, j’étais en plein dans ce mouvement.

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    C’est amusant d’ailleurs de comparer la France et l’époque du Yé-Yé avec ce côté décalé aux USA et en Angleterre.

    Oui, mais je l’ai toujours dis, c’est là bas que tout se passait. A l’époque, j’avais pas un rond pour voyager. Mais j’aurais aimé être de 1964 à 1966 à Londres, car c’était là que ça se passait. Et puis de 1967 à 1969 à San Francisco.

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    Je voudrais revenir sur cette soirée au Splendid. C’était vraiment un superbe concert. Et j’ai remarqué que vous aviez fait quelques hommages à différents artistes qui vous ont inspiré et notamment cet hommage à Joe Cocker.

    Ah oui c’est trois bends, ça t’as fait penser à With A Little Help From My Friends? J’ai beaucoup aimé la musique de Joe Cocker. J’ai adoré Mad Dogs And Englishman où il raconte cette superbe tournée, ça devait être chouette!

    Et puis, j’ai eu l’occasion de jouer avec Joe Cocker en 2011 au Free Wheels au Puy-De-Dôme. J’ai pas pu lui parler malheureusement parce qu’il était entouré de gens très protectionnistes. Il ne fallait personne en Backstage, ni sur le côté de la scène. J’aurais pu aller lui serrer une louche mais bon, je suis pas tellement groupie. Mais voilà, j’aime ce mec pour ce qu’il est, pour ce qu’il a fait bien qu’il ai eut un passage plus FM. Mais bon, beaucoup sont passés par là. C’est pas ce que je préfère, mais d’un autre côté, sa voix a toujours été là.

    RIP, Joe!

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    Parlons à présent de votre collaboration avec Johnny. Que retenez-vous de ces moments passés ensemble?

    Avec Johnny, c’était assez marrant. Johnny a été un peu mon premier rockeur. Quand j’avais 11 ou 12 ans, Johnny est arrivé en se roulant par terre avec un froc en cuir. Mes parents ont détesté. Moi, j’ai adoré! Et puis, c’était le début du Rock n’ Roll. A l’époque, on entendait très peu de rock en France. C’était à peine le début de Salut Les Copains. On arrivait un peu à entendre Ray Charles ou Elvis. Je pense que Johnny a été le meilleur à cette époque-là. Puis, y a eut Eddy avec les Chaussette Noires.

    Alors, il est vrai que l’on m’a présenté Johnny au début des années 80. On était dans la même maison de disques quand j’ai fais Comme Un Etranger. Il m’avait invité sur Champs Elysées avec Drucker. Et depuis, on avait noué de bons rapports. Un truc amical vachement sympa. Et c’est vrai que quand il m’a invité au Parc des Princes pour ses 50 ans, je me suis retrouvé  entre lui et Eddy Mitchel, c’était assez marrant parce qu’au fond, la boucle était bouclée. Moi, entre temps, j’avais vécu des tas de choses, j’étais plus un môme. Et je me retrouvais entre ces deux mecs que j’avais adoré quand j’avais 12 ans. Et donc, je trouvais que j’avais parcouru beaucoup de chemin et c’était super bien.

    Merci beaucoup pour tous ces bons souvenirs et l’on espère vous revoir bientôt en Belgique.

    Au Revoir!

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    Retrouvez toutes les photos prises lors du concert au Splendid par Christophe Pauly en cliquant ici

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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